Patrimoine ukrainien / compte rendu de notre petit dej …

 

Chers tous,

Le 12 avril dernier, l’AJP recevait Martin Duplantier, architecte et urbaniste, qui travaille sur le patrimoine ukrainien et les destructions subies depuis maintenant plus d’un an de guerre. Vous étiez nombreux à assister à ce petit déjeuner, dont Georges Levet nous propose ici un comte-rendu…

Le conflit entre Russie et Ukraine fait l’objet de multiples reportages. Quoi de mieux que d’avoir un rapport le plus récent possible transmis par quelqu’un qui va sur place quasiment deux fois par mois avec tous les risques que cela suppose ? C’est ce que fait Martin Duplantier, architecte et urbaniste, président de AMO (architecture et maîtres d’ouvrage) qui a constitué une équipe d’architectes français et ukrainiens. Il était l’invité de l’AJP afin de rendre compte de l’état dramatique dans lequel se trouve le patrimoine de ce pays.

Lors de ce petit déjeuner AJP, il a d’abord été question  du patrimoine ukrainien (patrimoine religieux, avec les anciennes églises en bois et les différentes cathédrales, patrimoine du 20ème siècle de type stalinien, grands musées par exemple de Kharkiv ou Kherson….  ; puis, de la présentation  des destructions infligées par les Russes, avec les photos de Martin Duplantier, témoignage éloquent.

Selon Martin Duplantier, il y a une volonté claire de détruire la culture ukrainienne. Ce n’est pas un hasard si les musées de ce pays ont été pris pour cibles dès le début du conflit. Le musée de Kherson, par exemple fût vidé intégralement de ses biens culturels avant d’être bombardé. L’équipe de Martin Duplantier étudie aussi, presque rue par rue dans certaines villes les possibilités de réparations dans l’urgence : eau, electricité…

Patrimoine religieux : premières cibles.

En date du 12 avril, le jour même de notre petit déjeuner, l’UNESCO confirmait la destruction de 250 sites dont 108 religieux, 21 musées, 90 immeubles historiques ou artistiques, 19 monuments et 12 bibliothèques. Sans parler des archives ! Un désastre culturel donc.

Pourra-t-on reconstruire tout cela u jour ? ont demandé certains membres de l’AJP présents

Le troisième volet de l’intervention de Martin Duplantier concernait cet aspect. Il se veut optimiste car, dit-il, « en Ukraine on a toujours reconstruit dès 1945 mais maintenant il y a plus lieu de parler de réparations plutôt que de reconstruction ». Il ajoute « qu’il faudra savoir penser la ville du futur et s’y prendre tôt ; penser la mixité, les ressources locales », etc. Mais il ne faut pas reconstruire à l’identique à part, peut-être pour les grands monuments religieux. Martin Duplantier rappelle que l’essentiel du parc immobilier ukrainien (80%) date des années 50, 60 et 70, donc de type stalinien et il y a fort à parier que les ukrainiens n’auront pas envie de revoir ce type d’uniformité ou de standardisation.

Combien de temps peut-on prévoir pour une éventuelle reconstruction ? Notre intervenant ne s’avance pas mais envisage plusieurs dizaines d’années. Quant aux moyens financiers, outre l’UNESCO, déjà certains bailleurs de fonds sont connus mais des intentions aux actes, comme toujours, le doute subsistera. D’abord, que ce conflit s’arrête.

Un petit déjeuner de l’AJP qui aura permis d’aborder un brûlant sujet d’actualité, parfaitement traité par un professionnel connaissant bien les territoires concernés.

Georges Levet

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