Une tour de l’enceinte de Philippe Auguste réapparaît : embarras de l’Institut de France

L’Institut de France souhaitait construire un nouvel auditorium. Tout avait été prévu sauf une fouille d’archéologie préventive de l’Inrap comme il se doit. Et là, découverte mais qui, jusqu’à maintenant n’a pas fait parler d’elle. La découverte d’une tour de la fameuse enceinte de Philippe Auguste est un événement rare mais il semble que l’Institut en soit bien embarassé. Que faire dorénavant ?

Si d’autres tours de l’enceinte de Philippe Auguste ont déjà été découvertes, celle de l’Institut de France a le mérite de faire apparaître sa méthode de construction.
La découverte d’une nouvelle tour de l’enceinte de Philippe Auguste (fin du XIIe siècle) est un événement suffisamment rare pour être célébré. Habituellement, quand l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) effectue ce genre de fouille, elle convie la presse pour fêter l’événement. Mais, dans le cas présent, silence total. Une enquête du POINT a permis d’en savoir plus.

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L’Institut de France souhaitait construire un nouvel auditorium et les travaux étaient commencés mais maintenant ils ont pris un sérieux retard. L’INRAP ayant fait son travail et mis au jour ces vestiges, que faire ? Tout recouvrir et ne plus en parler ? Voir avec l’architecte ce que l’on peut faire pour changer le chantier et conserver ces vieilles pierres ? Bien entendu, les archéologues sont pour la conservation et l’éventuelle ouverture au public Même si la découverte n’est pas miraculeuse – il existe de nombreuses autres portions de l’enceinte –, elle possède un certain intérêt dans la mesure où le fondement de la tour montre parfaitement la méthode de la construction, ce qui n’est pas visible ailleurs.
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Pour le moment, aucune décision est prise.
Mais attendez la suite : une vieille querelle existe entre la Monnaie et l’Institut et cela dure depuis 220 ans. Le terrain où devrait être construit l’auditorium fait l’objet d’une histoire conflictuelle qui date.
En l’an IV de la République (1796), le jardin du directeur de l’institut est mis à la disposition de l’hôtel de la Monnaie voisin pour y installer les ateliers où la monnaie était frappée. Ce terrain de 1 500 mètres carrés est situé exactement au-dessus de l’ancien fossé creusé à la demande de Charles V à l’extérieur de l’enceinte de Philippe Auguste. En 1850, l’institut réclame la restitution de son bien. La Monnaie fait la sourde oreille. Il faudra attendre 2004 pour que l’État ordonne enfin la restitution de la parcelle dite de l’« an IV ». Celle-ci a lieu officiellement en 2012. L’institut peut alors lancer les travaux pour bâtir un auditorium de 350 places dont il a fort besoin. Le permis de construire est délivré le 25 juillet 2013.

Maintenant, l’Institut dit qu’il n’est plus question de « recouvrir » les vestiges mais bien de les laisser disponibles pour une future accessibilité publique. A suivre.

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