Stephen Jones Chapeau l’artiste !

Véronique Hamel, membre de l’AJP, vous informe que « le 15 avril 1878, la duchesse de Galliera manifeste son intention de laisser à l’État français sa collection d’oeuvres d’art à la condition que cette dernière soit exposée au public dans un musée spécialement construit à cet effet ». Mais son notaire se trompe dans la notification de l’attribution du don mentionnant la Ville de Paris, libre d’en faire l’usage souhaité. Un siècle et demi plus tard, le musée de la mode de la capitale y propose une exposition des chapeaux de Stephen Jones jusqu’au 16 mars 2025.

Au commencement, Stephen Jones naît le 31 mai 1957 à West Kirby, près de Liverpool. Du chapeau melon de son père aux foulards couvrant les cheveux de sa mère jusqu’aux bibis fleuris de sa grand-mère pour l’office du dimanche, l’enfant grandit au bord de mer, au nord-ouest de l’Angleterre, entouré de couvre-chefs et de coiffures et s’y imprègne des nuances de gris, des horizons marins, des plages, des oiseaux. Après avoir découvert la Walter Art Gallery à Liverpool, la Lady Lever Gallery à Port Sunlight et les jardins de Bodnant, dans le nord du Pays de Galles, le fils de Margaret (Peggy) Jones entre à la Saint Martin’s school of Art de Londres en 1976 et en sort diplômé d’une licence en stylisme de mode en 1979. S’ensuit la découverte de l’univers punk, de la mode et de la musique.

C’est grâce à l’un de ses professeurs, Peter Lewis-Crown, directeur de la maison Lachasse que le futur modiste britannique entre en stage en 1977, au sein de cette prestigieuse maison de couture londonienne. C’est la découverte et l’intégration dans l’atelier de chapeaux dirigé par Shirley Hex pour s’initier durant deux étés à l’art du modiste.

A la fin des années 1970 émerge le mouvement des Nouveaux Romantiques, un courant musical issu du punk incarné par les groupes Spandau Ballet ou Visage dans un contexte de crise économique profonde en Grande-Bretagne. Steve Strange sera le premier client à payer pour un chapeau du jeune modiste. S’ouvre sa première boutique de mode au sous-sol sur Endell Street, à Covent Garden puis sur Wardour Street en 1982, à Lexington Street en 1984, à Heddon Street en 1988 pour revenir à Covent Garden en 1995, au 36 Great Queen Street. S’y créent aussi des chapeaux pour la princesse de Galles…

A partir de 1983, Stephen Jones fait ses premiers pas dans la sphère de la mode parisienne aux côtés des figures emblématiques tels que Jean-Paul Gaultier et Thierry Mugler. S’ouvrent ensuite les portes des plus grandes maisons de couture accompagné de son assistante et muse Sibylle de Saint Phalle. Depuis cette date, Stephen Jones est en perpétuel mouvement entre Londres et Paris, en véritable « Franglais », faisant fi du Brexit et des questions politiques.

S’incarnent 45 années de production de chapeaux dans des collections emblématiques aux noms évocateurs : « French Kiss » (automne-hiver 2021-2022), « Bonnes vacances » (printemps-été 2022), « A Muse à Paris » (automne-hiver 2024-2025), « Haute Couture & Prêt-à-Porter » (automne-hiver 2017-2018), en imaginant une pièce évoquant les coiffures emblématiques de ces créateurs : Gabrielle Chanel, Madame Grès, Elsa Schiaparelli, Hubert de Givenchy, Yves Saint-Laurent, Cristóbal Balenciaga et Christian Dior qui considérait comme « impossible de montrer une collection sans chapeaux : les mannequins, même habillées de la plus jolie robe du monde, auraient néanmoins l’air nu »…

Du Touquet à Biarritz, de Nice à Deauville en passant par Granville, lieu cher à Christian Dior qui y passa son enfance… autant de cités balnéaires inspirantes… Bérets rayés évoquant les marinières, canotiers, chapeaux de paille ou coiffures garnies de rubans et de fleurs pour évoquer les soirées festives estivales, composent cette collection de bord de mer.

10 avenue Pierre 1er de Serbie

75116 Paris

France

Tél. : 01 56 52 86 00

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