Le 17 mai, l’AJP se rendait dans le 19è arrondissement pour entamer une visite d’une partie du Paris secret ou méconnu, les Sources du Nord, avec son incroyable réseau souterrain. Compte rendu de Georges Levet.
Les hauteurs de Belleville, Ménilmontant et du pré Saint Gervais sont jonchées de petits monuments médiévaux qui nous intriguent : quelles sont leurs origines et leurs fonctions ? Tous ces édifices, nommés « regards », sont en fait des vestiges des anciennes Sources du Nord, et sont à l’origine de la distribution de l’eau dans le Paris du Moyen âge. Leurs origines remontent au 12ème siècle.
Leur nom, comme le rappelle dans sa présentation à l’AJP, Jean-Luc Largier, président de l’ASNEP (Association Sources du Nord – Etudes et Préservation), notre guide, leur vient tout simplement de leur fonction : Ils permettaient d’avoir un regard sur les systèmes d’adduction d’eau, de voir si l’eau s’écoulait bien, si elle était propre et si il n’y avait pas d’incident. Leur entrée était protégée afin d’éviter tous risques de contamination et préserver la qualité de l’eau. L’AJP a voulu en voir quelques-uns et comprendre le réseau souterrain de haut en bas.
C’est une passionnante et partiellement secrète histoire que celle des Sources du Nord et de ses « regards » et qui remonte loin dans le temps. Si les renseignements sur la distribution de l’eau dans le Paris du Moyen-Age sont rares, on en connaît plus sur les périodes qui suivent. Extraordinaire réseau souterrain que celui appelé Sources du Nord. Il faut savoir au moins que ce furent des communautés religieuses qui réalisèrent les premiers ouvrages Un réseau qui chemine d’une part dans les actuels 19è et 20è arrondissements, un autre plus au nord. Une des raisons importantes d’utiliser le réseau « sud » était d’alimenter l’hôpital Saint-Louis. Dès la fin du XIIè siècle, Philippe Auguste avait d’ailleurs négocié une partie des eaux pour alimenter les premières fontaines des nouvelles « halles »…
C’est vers le XVè siècle que la Ville développa un vrai réseau municipal connu sous le nom d’Aqueduc de Belleville incluant tous ses « regards ». C’est celui qui était particulièrement l’objet de la visite de l’AJP et qui débute par le regard de la Lanterne, lequel regard ne se visite en général pas mais que l’ASNEP a ouvert pour nous. Il est la tête du Grand Aqueduc de Belleville qui fût démantelé en grande partie par les travaux parisiens du 19è siècle.
L’édifice visible aujourd’hui au milieu des aménagements des années 70, fut construit entre 1583 et 1613, vraisemblablement en lieu et place d’un monument plus ancien dont il ne reste qu’une seule trace : une plaque écrite en vieux français, placée dans le regard. Mais d’autres nombreuses traces du réseau subsistent dans des endroits insoupçonnés et que Mr Largier connaît par cœur.
C’est ainsi, qu’avec ses connaissances des galeries, les membres de l’AJP ont pu déambuler dans les petites rues pittoresques et entrer dans les regards ou dans des cours privées dont il possède les clefs. C’est incontestablement le Regard de la Lanterne qui a retenu notre attention. Il fût classé « Monument Historique » en 1899 et appartient toujours à la Ville de Paris et a pourtant bien failli mal finir. Une visite de trois heures qui devait réserver surprises et étonnement.
Selon Jean-Luc Largier, un peu amer et très critique, les services historiques qui ne se sont pas déplacés lors des grands chantiers et les architectes qui ont laissé faire une sorte de vandalisme de ce réseau souterrain pourtant classé. Il a rappelé combien l’ASNEP avait été là, fort heureusement, pour suivre au jour le jour les chantiers et intervenir auprès d’acteurs différents plus ou moins bien intentionnés. Dès lors, grâce à l’association, ces ouvrages souterrains sont sortis de l’oubli et de l’abandon et ont été préservés et maintenant valorisés.
Pour en savoir plus sur les Sources du nord.
ASNEP, 63, rue de Ménilmontant, 75020 Paris
Compte rendu de Georges Levet