- Clotilde Roy (2e à g.) nous a fait rentrer dans les coulisses du remeublement de monuments du Cmn (photo S. Zilli).
Mardi 21 janvier, à l’initiative de Philippe Royer, son président, L’AJP a accueilli dans le cadre d’un petit déjeuner au café Musset, à Paris, Clotilde Roy, chef du pôle de la coordination scientifique au Centre des Monuments nationaux. Le compte-rendu de Sandrine Zilli, membre du CA, qui coanimait la rencontre.
Clotilde Roy dirige une équipe chargée de remeubler certains monuments administrés par le CMN – cet établissement public, placé sous la tutelle du ministère de la Culture, gère, entretient et ouvre à la visite une centaine de sites et monuments dans toute la France.
Clotilde Roy a évoqué pour nous les nombreux questionnements qui président au remeublement. Quand un lieu a connu au fil de son histoire divers aménagements, lequel restituer ? Pourquoi privilégier tel ou tel état ? Comment retrouver les meubles lorsqu’ils ont été vendus et dispersés, a fortiori en l’absence d’archives ?
Pour apporter des réponses à ces interrogations, elle s’est appuyée sur quelques exemples obéissant à des problématiques différentes : la villa Cavrois, à Croix, près de Lille, dont les plans et le mobilier ont été conçus par Robert Mallet-Stevens dans l’entre-deux-guerres, tombée en ruine à partir des années 1960, ou l’Hôtel de la Marine sur la place de la Concorde, à Paris.
On ignorait tout de la villa Cavrois – du nom de son commanditaire, un industriel du textile -, pourtant récente. Étonnamment, les Cavrois n’ont conservé que très peu de photographies de la villa familiale et Robert Mallet-Stevens a ordonné à son épouse de brûler l’ensemble de ses archives après sa mort. Malheureusement pour les historiens, ladite épouse s’est exécutée ! Au contraire, les archives de l’Hôtel de la Marine, ancien Garde-Meuble de la Couronne, sont abondantes, précises et bien conservées.
D’une manière générale le ministère de la Culture encourage les dépôts sur site au lieu de remiser les objets dans les réserves. Toutefois, l’institution ne se limite pas à l’exposition de beaux objets, elle les contextualise, en évoquant la sociabilité associée aux meubles. Pour ce faire, les équipes scientifiques du CMN restituent les intérieurs dans leur ensemble, attachant de l’importance aux plaques de cheminée, aux parquets, jusqu’aux robinets et autres détails. De même, elles ne négligent pas les pièces moins nobles telles que les cuisines.
Le Cmn est un important client des ateliers de restauration. En revanche, il n’a jamais recours à des copies du mobilier d’origine, comme cela peut se pratiquer dans les pays anglo-saxons.
Près d’une heure et demi de passionnants échanges entre Clotilde Roy et la quinzaine de membres de l’AJP aura tout juste suffit à faire le tour du sujet.
S. Z.