NOUVEAU PILLAGE D’UN SITE ARCHEOLOGIQUE EN FRANCE

PILLAGE D’UNE NÉCROPOLE ANTIQUE À PRUNAY-BELLEVILLE

Depuis mi-février, les archéologues de l’Inrap interviennent à Prunay-Belleville, dans l’Aube, avant l’aménagement du gazoduc « Arc de Dierrey », réalisé sous la maîtrise d’ouvrage de GRT Gaz. Cette fouille, prescrite par l’État (Drac Champagne-Ardenne), vient de révéler trois ensembles funéraires majeurs : deux enclos de l’âge du Fer ainsi qu’un ensemble de sept sépultures antiques. Ces dernières, datées des IIe-IIIe siècles, très riche en mobilier funéraire, étaient particulièrement bien conservées.

Mardi 4 mars, l’équipe de l’Inrap a constaté le pillage d’une partie des tombes gallo-romaines. Sur les lieux, la gendarmerie de Villenauxe-Grande a démarré une enquête. Une plainte a été déposée par l’Inrap.

Des vestiges archéologiques menacés par les pilleurs

Les pilleurs se sont introduits sur la fouille, de nuit, malgré un gardiennage, et ont dérobé les plus belles pièces archéologiques de trois tombes. Ce sont huit céramiques et un flacon en verre, intacts, représentatifs de la vaisselle des IIe-IIIe siècles qui ont été dérobés dans les tombes. Dans un état de conservation remarquable, ces pièces étaient d’une grande variété : cruche en céramique claire, gobelet en céramique fine engobée, assiette-plat, flacon en verre, et une belle cruche-amphore dont le dépôt aux pieds d’un défunt révélait une pratique jusqu’alors inconnue. Certaines céramiques contenaient des offrandes alimentaires. Ce vol ampute la recherche de données scientifiquement importantes et prive le public de son patrimoine, de son histoire.

LE PILLAGE D’UN SITE ARCHÉOLOGIQUE : UN DÉLIT PUNI PAR LA LOI

Le pillage d’un site archéologique, sa destruction, sa dégradation ou sa détérioration sont punis de sept ans d’emprisonnement et de 100 000 € d’amende (articles 311-4-2 et 322-3-1 du code Pénal créés par la loi n°2008-696 du 15 juillet 2008 – art. 34). Cette peine peut être portée à dix ans d’emprisonnement et 150 000 € d’amende lorsque les actes sont commis par plusieurs personnes agissant en qualité d’auteurs ou de complices (articles 311-4 et 322-3 du code Pénal). Les pilleurs en possession d’engins de guerre peuvent également être poursuivis pour détention et transport d’arme de 1ère catégorie (décret n°95-589 du 6 mai 1995 relatif à l’application du décret du 18 avril 1939 fixant le régime des matériels de guerre, armes et munitions).

Il est regrettable de voir endommagés des sites archéologiques, en cours de fouille ou même non fouillés, que l’ensemble de la communauté scientifique et le ministère de la Culture et de la Communication s’efforcent de protéger.

La protection des sites archéologiques et du mobilier, par nature non renouvelables, rares et fragiles, est l’affaire de tous, archéologues, élus (maires), propriétaires des terrains, amateurs d’histoire et d’archéologie, chercheurs, associations, citoyens… Les services de l’État en charge de l’archéologie poursuivent avec détermination toute personne qui porte atteinte au patrimoine archéologique.

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