Musée des Tissus de Lyon : La colère de Daniel Fruman

L’AJP suit de près le dossier concernant le Musée des tissus de Lyon. Nous venons de recevoir la dernière mise à jour des infos de la part de Daniel Fruman, le grand collectionneur qui a tellement oeuvré pour la survie de ce musée exceptionnel.

Par Daniel FRUMAN

Je suis en colère. Une année vient de s’écouler et, comme je le disais dans me dernière Mise à jour, force est de constater que les femmes et les hommes de pouvoir, fonctionnaires et élus, représentant les « parties prenantes » se sont montrés incapables de trouver une solution assurant la pérennité du MTMAD.

Ainsi, on débute 2017 avec la désignation d’un cabinet-conseil* pour établir « un projet scientifique, culturel et muséal visant à donner de réelles perspectives d’avenir à ce musée (Le Progrès, 06/01/2017 ) ». On croit rêver. Ceci veut dire que pendant toute une année émaillée de multiples réunions les « parties prenantes » ont travaillé à sauver une institution qui n’a pas de « projet scientifique, culturel et muséal » ?

Mais, ce projet existe bel et bien. Le Communiqué de presse de la CCI du 7 octobre 2016 faisait état de « La collaboration du musée des Tissus de Lyon au volet culturel de la « Nouvelle route de la soie » initiée par la Chine en 2013 [et] se traduit par une contribution à la fois muséale et scientifique » pour s’en convaincre. Pourtant, Le Progrès du 5 janvier 2017 nous informe que « Le premier magistrat [de Lyon] annonce … que seront créées des expositions itinérantes qui iront de capitale en capitale, sur la route de la soie », comme si ceci était le résultat de son action et non pas de celle sous-tendue par un « projet scientifique, culturel et muséal » déjà établi !

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Il annonçait aussi (Le Progrès, 5 janvier 2017) qu’en « faisant un pôle muséal avec le musée des Confluences et le musée gallo-romain [et pourquoi pas le Musée Gadagne et le Musée de Beaux-Arts ?] » il allait changer les choses. Mais, fallait-il un an pour faire une telle annonce ? Et quels seront les avantages de ce « pôle muséal » en dehors de billets groupés et d’une communication commune ? Y aurait-il des ressources partagées et si oui lesquelles** ?

Par ailleurs, il constatait (Le Progrès, 5 janvier 2017) que, paradoxalement, il y a «…une forte mobilisation des gens pour sauver le musée, mais quand on demandait : combien mettez-vous ? Étrangement, il n’y avait plus le même engouement ».
Et comment peut-il y avoir de l’engouement pour le « mistigri*** » quand le « quarteron de parties prenantes » est incapable depuis le 5 juillet 2016 de s’accorder « sur la création, à l’automne [2016], d’une association qui reprendra la gestion du musée à partir du 1er janvier 2017 ». Et la faute à qui ? À ceux qui pratiquent la politique de la chaise vide ? Et à qui les mécènes potentiels donneront ils l’argent si l’association qui devait reprendre la gestion du musée à partir du 1er janvier 2017 n’existe pas ? Et, en plus, pourquoi financer une institution qui, d’après les propres « parties prenantes » n’a pas de « projet scientifique, culturel et muséal » et qui nécessite l’assistance d’un cabinet-conseil pour l’établir ? Et qui veut parier de l’argent sur un « mistigri » qui nécessiterait, d’après le premier magistrat de Lyon (séance du Conseil Municipal de Lyon du 14/03/2016), « un budget de fonctionnement peut-être [sic] de 3-4 millions d’euros, si ce n’est pas plus [sic], chaque année ? » Avec des « peut-être » ou de « plus » comme ça on aura du mal à trouver des mécènes !!!

Et que dire des « 15 à 20 millions [d’euros nécessaires] pour la scénographie [du musée des tissus] (Le Monde, 24-25/01/2016) » qui nous ont été annoncés par un collaborateur du premier magistrat de Lyon en janvier 2016 sans justification aucune ! Et des « …8 millions de travaux pour le Musée des arts décoratifs » aussi sans justification. Ces « responsables élus » semblent gérer avec une boule de cristal ou en faisant appel à Madame Soleil ! Ce n’est pas avec ces chiffres fantaisistes que l’on convaincra des mécènes.

Et, parlant de travaux, nous sommes toujours en attente des éclaircissements que nous avons demandés le 7 décembre 2016 au sujet d’un « schéma directeur de restauration et de mise en valeur du Musée des Tissus et des Arts Décoratifs [de Lyon] » datant de septembre 2010 avec un étalement en trois phases des travaux à exécuter en fonction des besoins et des urgences et un budget inférieur à celui que ces responsables nous annoncent.

Sans oublier que nous attendons aussi des réponses au sujet des questions que nous posions le 7 décembre 2016 concernant « le coût [de la fermeture éventuelle du MTMAD] d’une part et, d’autre part, quelles seraient les dépenses de fonctionnement, irréductibles et récurrentes, pour l’entretien des réserves ».

Au seuil de 2017 nous sommes revenus, EN PIRE, à janvier 2016 !

* Je viens d’apprendre qu’il s’agit d’un cabinet d’expertise comptable (sic) (http://www.inextenso.fr/Accueil) qui sera chargé d’élaborer le « projet scientifique, culturel et muséal » du Musé de des Tissus et des Arts Décoratifs de Lyon.

** Les toutes dernières nouvelles sont alarmantes. Le MTMAD rejoindrait le Musée des Confluences et l’hôtel particulier qui l’abrite actuellement serait vendu. Ceci est bien loin de la constitution d’un pôle muséal.

*** Mistigri : mauvaise carte d’un jeu qui fait perdre celui qui la conserve en fin de partie.

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