L’Irlande, entre ciel et mer

En Irlande, le regard finit toujours par se poser sur la mer. Une présence profondément enracinée dans la vie des habitants, dans leur histoire et dans leurs traditions. Elle est tellement présente que la terre semble n’être parfois que son prolongement. Car c’est de la terre qu’on l’observe le mieux et qu’elle montre ses plus beaux atours. Un sentier, la Wild Atlantic Way, a justement été créé pour la découvrir et l’admirer. En collaboration avec le bureau de Tourisme irlandais à Paris, l’Association des Journalistes du Patrimoine y a organisé un voyage de presse en octobre 2015. La côte sauvage : certainement un des temps forts de la découverte du patrimoine irlandais.

Bordée à l’est par la Mer d’Irlande et à l’ouest par l’Atlantique Nord, l’Irlande, par sa géographie et son histoire, est liée à la mer, à ses charmes et ses colères. A l’ouest donc, sur la côte de l’Atlantique Nord, 2500 km de falaises battues par les marées, les vents et les pluies offrent un paysage que seule une visite peut permettre d’apprécier. Souvent, ces falaises qui peuvent atteindre 300 m de haut, barrent la route à l’écume de la mer, aux vagues somptueuses et parfois farouches.
p1320601.jpg

Environnement marin près de Loop Head

C’est pour découvrir ce patrimoine naturel exceptionnel qu’a été créée la Wild Atlantic Way, qui porte, à juste titre, le nom de Côte sauvage d’Irlande.
Du nord au sud, du comté de Donegal à celui de Cork, en passant par ceux de Mayo, de Clare et de Kerry, la côte étale ses fastes et sa féérie. Et le temps (météo) ne fait rien à l’affaire car, que ce soit sous un ciel bleu azur ou sous le crachin et le brouillard, le paysage est toujours fascinant.

carte-comte-clare-9e0be.png

L’histoire parait simple. A l’origine, une route longeait la côte sur ces 2500 km, desservant les villages côtiers depuis des générations. Une structure qui soutenait la vie quotidienne et le développement de la région. L’idée de créer un chemin côtier au service du tourisme et du développement économique devait naître il y a à peine une dizaine d’années pour aboutir à la mise en place de ce sentier côtier, aujourd’hui l’un des sites les plus fréquentés d’Irlande. Et il faut dire que les touristes, sportifs, scientifiques ou tout simplement les amoureux du patrimoine naturel ont de quoi y trouver leurs comptes. Au beau milieu de cet itinéraire se trouve le site le plus visité : les falaises de Moher dans le comté de Clare. La roche, la mer, la faune et la flore forment ici un ensemble comme si tous s’étaient donnés rendez-vous pour séduire et impressionner le visiteur.

p1320626.jpg

Falaises de Moher par temps de brume

Pour le touriste venu à pieds ou en voiture, un centre d’interprétation du paysage a été créé et inséré subtilement sous un monticule de terre, si bien qu’il parait à peine visible. Signe de la volonté des aménageurs de garder une nature intacte, là où d’autres auraient certainement construit une barre de béton surplombant la mer et sans doute un centre commercial. Car la tentation pouvait paraitre grande ! Heureusement rien de tout cela si bien que le site attire actuellement 1 million de visiteurs par an. Donc l’un des sites les plus visités d’Irlande, la direction tablant sur un chiffre de 1,2 million ces prochaines années.
cliffs-102-3.jpg

« LE » centre d’interprétation des falaises

A l’intérieur du centre d’interprétation, un parcours guide nos pas avec des explications claires et abordables pour le grand public pour se terminer par une projection d’une vidéo en 3 D qui nous fait survoler la mer et les falaises à en donner le vertige, tout comme un oiseau qui tourbillonne. Quatre minutes étourdissantes qu’on aimerait voir se prolonger tant les images sont impressionnantes. Et, droit d’auteur oblige, cette vidéo est évidemment destinée aux seules visiteurs, donc pas de lien internet possible pour vous délecter de ce paysage somptueux. Mais aussi une raison d’aller l’apprécier sur place. Rien de tel ! Bluffant le tournage et non moins bluffant le montage.

Katherine Webster est la responsable du centre. Elle parle français ce qui n’est pas vraiment courant en Irlande.


Kathleen Webster, conservatrice du centre d… par AJPAT

Avec la fréquentation est à craindre la surfréquentation. Se posent dès lors des problèmes de protection et de sauvegarde des sites et du sentier. Il faut d’abord une pédagogie forte pour dissuader les visiteurs de détériorer les lieux. Pour l’instant, les objectifs semblent atteints. La suite ? L’avenir ? Une politique de protection et de préservation du paysage a été mise en place. Reste, à notre grande surprise, qu’il n’existe pas, comme en France, une loi littorale d’ensemble. Chaque comté édicte ses propres lois et règlements. Mais on sent bien que l’Irlande entend préserver ce joyau à tous prix, certainement l’un des plus beaux patrimoines du nord de l’Europe.

Liens et adresses utiles :

www.ireland.com/fr-fr/wild-atlantic-way

www.routard.com sur les beautés de la côte sauvage

Centre d’interprétation des falaises de Moher :
Katherine Webster
Tel : 00 353 65 708 61 144
Katherine.webster@cliffsofmoher.ie
www.cliffsofmoher.ie

Il existe plusieurs sites décrivant les étapes et donnant tous les renseignements utiles pour un séjour et des visites.

Des phares du bout du monde

On ne saurait parler de la côte sauvage d’Irlande sans aborder un autre aspect de ce patrimoine : ses phares, ses « lighthouses », leur histoire et la place qu’ils occupent dans la vie et l’espace irlandais. Sur 2500 km de côtes, on en compte près de 70 de toutes sortes. Les premiers « phares » remontent à l’époque romaine. En réalité, ce n’étaient que des feux de position, certainement allumés à certaines périodes de l’année et entretenus par les habitants eux-mêmes. Le premier phare tel qu’on l’entend aujourd’hui date de 1665 et, comme l’explique Thomas Mc Inerney, gardien du phare le Loop Head, « être gardien de phare n’était pas un travail mais une manière de vivre ». Son visage semble buriné par la pluie et le vent et on dirait même qu’ils ont forgé son accent rugueux et ses mains calleuses. Car il incarne bien cette tradition de « marin de la terre », lui dont le père était déjà gardien !

p1320592.jpg

Thomas Mc Inerney, « commissionner » du phare de Loop Head

Sur ces 70 phares, l’histoire a imposé sa loi. Seule une douzaine est ouverte à la visite, du Donegal au nord au comté de Mayo au sud, Loop Head, au beau milieu, étant certainement l’un des plus fréquentés par sa proximité des falaises de Moher et du centre d’interprétation dont la fréquentation est en constante augmentation. Devenu un véritable phare au sens où nous l’entendons aujourd’hui, il est doté de tout le système de lentilles et de paraboles inventés par Fresnel. Rien n’a bougé depuis l’origine, ce qui permet aux visiteurs de découvrir la perspicacité du système et de son inventeur.

Difficile de se faire une idée générale de la politique de protection des phares et de leur conservation. Sauf bien sûr à les visiter tous. On apprendra néanmoins que certains sont protégés au titre des monuments historiques, que plusieurs sont privés et que d’autres sont parfois vendus. Sans doute par manque de moyens publics pour les maintenir en état. Une façon que nous connaissons aussi de garder ce patrimoine inhérent à la culture irlandaise.
p1320588.jpg

Phare de Loop Head, à l’extrême ouest

A Loop Head, c’est Thomas Mc Inerney lui-même qui fait visiter son « château ». Escalier abrupt, comme dans tous les phares du monde sans doute. Au sommet, explications du fonctionnement du phare et, avec un accent taillé à la serpe, il explique le fonctionnement des instruments d’optique qui ont évité le musée local ou national. Et heureux que cela soit ainsi. Car le gardien va bientôt partir en retraite. Sa maison ? Rassurez-vous. C’est celle qu’il tient de sa famille au village d’à côté … depuis combien de temps ? Avec un lopin de terre d’où il doit certainement apercevoir « son » phare et un bout de l’océan. Ainsi va la vie à Loop Head où les technologies ultra modernes ont supplanté Fresnel et ses miroirs.
Si bien que, non seulement Loop Head est devenue une destination européenne d’excellence du tourisme en 2010, mais elle a aussi été désignée meilleure destination de vacances en Irlande par le Irish Times en 2013.

Protéger ce patrimoine. Tout n’est certainement pas aussi semblable qu’au phare de Loop Head mais en Irlande, la terre, la mer et le ciel ne semblent vouloir faire qu’un. Ainsi les phares sont-ils un symbole, gardiens d’une histoire qui plonge dans un lointain passé. Pour comprendre l’Irlande, il faut passer par ces caps et découvrir ce patrimoine.

Michel Schulman

* Note
Fondée il y a plus de 200 ans, l’Autorité Générale des Phares porte actuellement le nom d’Irish Lights et dirige tout ce qui a trait à la sécurité de la navigation en Irlande. Sa devise est « Salutem Omnium » ou « Sécurité pour tous » qui n’a pas changé depuis les années 1800. Avec environ 95% de tous les biens d’importation/exportation qui transitent par la voie maritime pour l’Irlande, c’est dire si les aides à la navigation sont indispensables.

Contacts presse :
– A Paris : Tourisme irlandais
Anne Zemmour
Tel : 01 53 43 12 24
azemmour@irlande-tourisme.fr
http://www.irlande-tourisme.fr
– En Irlande
Jane Stokes
00 353 884 71 58 / 00 353 87 245 46 04
jane.stokes@failteireland.ie

A voir :
http://www.greatlighthouses.com/

newbookcover-2.jpg

Share This Post