L’Institut Bernard Magrez, un écrin patrimonial pour l’art contemporain

Elizabeth Mismes, membre journaliste de l’AJP, nous raconte le haut lieu des arts et de la culture bordelaise que est l’Institut culturel Bernard Magrez. L’institut occupe le Château Labottière, élégant hôtel particulier de style néoclassique construit au XVIIIe siècle pour les frères Antoine et Jacques Labottière, imprimeurs et éditeurs bordelais.

insitut_culturel_bernard_magrez.jpgAcheté au début des années 2000 par Bernard Magrez, propriétaire viticole et mécène, il a été restauré au printemps 2011 pour accueillir à partir de l’automne suivant, des artistes en résidence, des expositions d’art moderne et contemporain, des concerts, et diverses manifestations culturelles soigneusement sélectionnées par son propriétaire.

Le rayonnement acquis en peu d’années par l’Institut doit beaucoup à la personnalité du mécène, producteur de grands vins sur de brillants terroirs, parmi lesquels le Château Pape Clément. A l’âge de 16 ans, alors qu’il apprenait dans un centre technique à affûter les scies pour couper les arbres –son seul diplôme déclare-t-il volontiers-, il s’enthousiasmait pour Van Gogh sans pour autant se laisser emporter par de savantes réflexions sur l’art. L’émotion et l’admiration, le bonheur de contempler, le comblaient. C’est seulement beaucoup plus tard que surgit la révélation, par hasard à Bordeaux, au détour du salon des antiquaires devant un bronze animalier, un taureau de Baye chargeant la cape d’un torero invisible. La puissance de l’œuvre, la finesse de l’exécution, la douceur de la patine lui imposèrent l’évidence de chercher à comprendre dans les livres le mystère de la création artistique. Ainsi, Bernard Magrez a commencé à sillonner la France, la Belgique, l’Angleterre, pour y acquérir des bronzes dont il ne se séparera pas.

sculptures_de_jean_fabre.jpgUn autre événement, sa rencontre avec Bernard Buffet qui lui a offert un tableau sur le Château Pape Clément, a fait naître une nouvelle passion pour les toiles et dessins du maître, et une nouvelle collection. C’est ainsi que le Château Labottière qui aurait pu rester simplement une bâtisse de caractère parmi les nombreux hôtels particuliers bordelais, connaît un nouveau lustre en abritant ces manifestations culturelles prestigieuses. Il est le réceptacle de la mission d’un mécène profondément investi dans « la perpétuelle recherche de l’excellence aussi bien dans les grands vins que dans l’art ». Quelle plus noble ambition pour un patrimoine ?
A droite, sculptures de Jean Fabre. Photo E. Mismes

Du 14 mars au 25 juin 2017, L’Institut expose cinq artistes internationaux contemporains de la galerie parisienne Daniel Templon. Le choix des œuvres met en valeur la richesse des médiums contemporains -la photographie peinte, la sculpture et la peinture-, et la démarche du galeriste, attaché à la fidélité aux artistes autant qu’à la prospection permanente de nouveaux talents. Les photographies urbaines de Philippe Cognée, transmuées en toiles à la limite de l’abstraction, les sculptures de Jan Fabre hanté par la vulnérabilité de l’existence, et les toiles de Pierre et Gilles, inspirées du Pop Art américain (assez « kitsch » dans ce décor élégant d’hôtel particulier ! ) font partie de l’histoire commune qui lie le galeriste aux artistes depuis une quinzaine d’années.

yue_minjun_blue_sky_and_white_clouds.jpgCôté nouveaux talents, l’exposition introduit la poésie aérienne des œuvres tissées de Chiharu Shiota, et le « réalisme cynique » de Yue Minjun dont les géants font trembler de leur rire inquiétant les murs du Château Labottière.

A droite, oeuvre d’Yue Minjun. Photo E. Mismes

Bernard Magrez Institut Culturel
16 rue de Tivoli
33000 Bordeaux
Tél. 05 56 81 72 77

Ouvert du vendredi au dimanche de 13h à 18h et sur rendez-vous

Exposition Daniel Templon, Portrait d’une galerie
du 9 mars au 25 juin 2017
Philippe Cognée, Jan Fabre, Pierre & Gilles, Chiharu Shiota, Yue Minjun
Programme des événements :
www.institut-bernard-magrez.com

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