Le maire de Martigues, Gaby Charroux souhaite qu’une des plus grandes lagunes méditerranéennes soit inscrite sur la liste des biens universels. Un seul des 10 critères est suffisant pour l’inscription au patrimoine mondial. L’étang de Berre en compte six.
D’une superficie de 155 km2, une longueur de 20 km pour une largeur maximale de 16,5 km et une profondeur moyenne de 6 m, l’étang de Berre est l’une des plus grandes étendues d’eau salée d’Europe avec 980 millions de m3. C’est une lagune méditerranéenne profonde, marine, qui reçoit de l’eau douce par son bassin versant naturel d’une superficie de 1 700 km2, et par le bassin versant de la Durance par le biais artificiel du canal de l’usine EDF de Saint-Chamas de 12 000 km2. L’étang est relié à la mer par le chenal de Caronte, qui apporte l’eau salée. L’eau douce, plus légère, reste en surface et se déverse en mer, tandis que l’eau marine, plus lourde, pénètre dans la lagune en profondeur. C’est ce qui crée un écosystème original.
7 000 ans de présence humaine
C’est l’un des critères de l’Unesco : on considère généralement que la présence humaine sur les bords de l’étang remonte à 7 000 ans. Mais ce n’est que vers 125 avant J.C. qu’on en trouve véritablement la trace, avec les légions romaines qui creusent le chenal de Caronte, abaissant ainsi de deux mètres le niveau de l’eau.
Site archéologique de Tholon
L’intérêt des humains pour cet espace immense va pourtant fonder sa « mauvaise réputation ». Car l’activité industrielle va y trouver son nid. C’est d’abord la poudrerie royale de Saint-Chamas, fondée en 1690. A partir de 1809, la chimie prend son envol, avec l’installation des premières usines de soude (fortement polluantes et dangereuses pour la santé) pour alimenter les savonneries et verreries marseillaises.
Cette forte activité entraîne un premier creusement d’un chenal en 1863. En 1924, celui de Caronte est considérablement élargi, entraînant de fait la disparition des « bourdigues », sortes de petits canaux créés avec des roseaux, qui permettaient de piéger de grandes quantités de poissons. Le développement de l’aéronautique, l’installation des raffineries dans les années 1930 et enfin la construction de l’usine EDF de Saint-Chamas, vont achever de faire de l’étang un espace où la préservation du milieu n’était pas la préoccupation première.
Mais, à la fin des années 90, sa dégradation est telle que plusieurs actions se mettent en place pour tenter de le préserver : construction de stations d’épuration, réduction des rejets notamment. Trois zones humides sont classées site Natura 2000 et le contrat d’Etang établi en 2008, outil de planification qui définit les termes de sa réhabilitation, rassemble différents acteurs pour revenir à un écosystème souhaité. Paradoxalement, cet « exemple éminent de l’évolution d’un paysage illustrant une longue période significative de l’histoire humaine » est un autre critère pour l’inscription. Suffisant, tout cela ? A suivre.
Source : La Marseillaise.fr