Le Val de Loire célèbre ses jardins en 2017

A l’initiative de la Mission Val de Loire plus de 70 jardins de châteaux, de villes, de villages, publics, privés, modestes, somptueux, traditionnels, contemporains, sont mis à l’honneur cette année, de mars à novembre 2017.

Autour du Val de Loire, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO, dont le jardin est une composante majeure, des temps forts et des nouveautés rythmeront cette saison culturelle : expositions, évènements, manifestations du Loiret à l’Anjou en passant par la Touraine et le Loir-et-Cher.

La saison culturelle a été lancée le mardi 14 mars au château de Villandry et au château d’Angers.

La Mission Val de Loire (membre AJP) met en œuvre une démarche commune des Régions Centre-Val de Loire et Pays de la Loire en faveur de la préservation et de la valorisation du Val de Loire inscrit sur la Liste du patrimoine mondial, en concertation étroite avec l’Etat. Elle a un rôle de coordination pour valoriser l’existant, impulser des initiatives, mettre en cohérence les actions existantes, fédérer et accompagner les acteurs.

Pour plus d’informations voir http://jardins-valdeloire.com

La Mission Val de Loire nous fait un petit rappel de l’histoire de nos jardins à la française

Du Moyen-âge à la Renaissance

Le jardin s’est vu attribuer, au Moyen-Age tout particulièrement, de nombreuses vertus symboliques. Traité par de nombreux artistes, le thème du jardin a souvent suscité un débordement imaginatif largement symbolique.

Vu comme l’œuvre de Dieu sur terre il se doit alors d’être un reflet parfait de l’Eden, l’image d’une nature idéale, et tout doit y évoquer la perfection et la beauté divine. On retrouve cette vision d’une nature idéalisée sur de nombreuses tapisseries et la description de tels jardins est fréquente dans la littérature médiévale,

Alimentaire et médicinal, le jardin médiéval est principalement utilitaire. Avec des branchages tressés pour les carrés et la clôture, orné de quelques fleurs et planté de fruitiers en espalier, il trouve une place de choix notamment dans les abbayes où cet art sera particulièrement développé.

Une ordonnance de Charlemagne (fin VIIIe siècle), le Capitulaire de Villis, réclame de la part de ses domaines un certain nombre d’observances et de règles pour les modes de culture. Y sont énumérées notamment les plantes que ces domaines se devaient de cultiver. La liste principale rassemble au total 94 plantes : 73 herbes, 16 arbres fruitiers, 3 plantes textiles et 2 plantes tinctoriales.

Ce texte n’est pas une révolution agricole, toutes les plantes citées sont connues de longue date. La volonté est alors d’obtenir une organisation et un équilibre idéal pour les jardins, entre plantes alimentaires, médicinales, textiles, tinctoriales voire décoratives. Des hypothèses attribuent la rédaction de ce capitulaire au scribe Alcuin, qui fut abbé de Marmoutier, à côté de Tours.

Le modèle des jardins médiévaux est celui de l’hortus conclusus : jardin clos, partagé en espaces thématiques et ordonnés.

L’hortus (le potager) est généralement plus grand que l’herbularius (le jardin médicinal, ou jardin des simples), mais ils sont organisés de la même façon, en parterres réguliers : planches carrées ou rectangulaires, surélevées et délimitées. Le carré était le plus souvent bordé de passages, facilitant le drainage et l’irrigation. Cette forme de damier donnée aux parterres permet la réverbération et ainsi un réchauffement beaucoup plus rapide de la terre et protège, l’hiver, une grande partie des racines.

Ces jardins potagers et médicinaux, en damiers, rationnels et géométriques, seront la norme de tous les jardins du Moyen-Âge jusqu’au XVe siècle, qu’ils soient laïcs ou religieux.

Le jardin à la française: une influence italienne

L’apparition de châteaux d’un genre nouveau à la fin du XVe siècle sur les bords de Loire se double d’un nouvel art des jardins. Les premiers modèles sont importés d’Italie grâce à Charles VIII et Louis XII. Les jardins qui ne fournissent jusqu’alors que des fruits et légumes pour l’alimentation et des fleurs pour le parfum, trouvent aussi une vocation décorative.

Dès la fin du XVe siècle, le Val de Loire a reçu l’appellation de Jardin de la France. Ce gratifiant surnom, inspiré par l’art et la douceur de vivre dans cette région, sera désormais pour longtemps propice au développement de l’art des jardins.

Louis XI, dans son château tourangeau du Plessis-les-Tours, avait au milieu du XVème siècle fait aménager un jardin dont l’intérêt motivait l’admiration des visiteurs et chroniqueurs d’alors.

Mais le changement dans l’art des jardins survient au retour des premières campagnes d’Italie.

L’artisan principal de cette réforme est Pacello de Mercogliano (vers 1455- 1534). Revenu d’Italie en 1495 avec Charles VIII, il fit preuve de son talent novateur.

Les jardins de Blois et d’Amboise sont les premiers marqués par cette influence italienne. Ils prennent des formes ordonnées, géométriques, et sont souvent ornés de broderies de buis. Répondant à des principes architecturaux, le jardin doit avoir un décor régulier et un aspect artificiel. Rien n’est laissé à la fantaisie, la nature est maîtrisée.

Le style nouveau du jardin d’Amboise réalisé par Pacello vers 1495-1498 est reconnaissable sur le plan dressé par Androuet du Cerceau en 1570. Ce jardin révèle une double association : les parterres et l’architecture, et constitue à l’époque une grande nouveauté en France. Une galerie en bois ceint l’intérieur et la maçonnerie de pierre dessine des fenêtres sur le panorama. La géométrie des parterres et le dessin des motifs sont les grandes règles de ce style de jardins où apparaît également l’art topiaire (la taille des végétaux) laissant place à des formes géométriques ou figuratives : sphères, cônes, pyramides, cubes…

De 1499 à 1510, Pacello de Mercogliano poursuit son oeuvre à Blois où il aménage à proximité du château d’immenses jardins s’étageant sur 3 terrasses.

Le jardin bas, divisé par des allées parallèles de parterres réguliers et symétriques, est formé de buis, de plantes médicinales et aromatiques, dessinant des motifs complexes.

Le potager lui aussi est modifié par ce nouvel art italien, et apparaît alors dans les parterres de légumes, des formes géométriques.

Au milieu, le jardin de la Reine objet de grands travaux de nivellement, est soutenu par de puissantes maçonneries.

Cette caractéristique de terrassements réguliers et parfois étagés s’accentuera au fil du temps faisant du jardin alors dit « à la française », l’œuvre de paysagistes autant que de maçons.

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