Le Spleen d’Apollon

Didier Rykner n’y va pas par quatre chemins. Au titre « Le spleen d’Apollon » qu’il donne à son livre, il adjoint le sous-titre : « Musées, fric et mondialisation ».

Fondateur de la Tribune de l’Art, Didier Rykner a été à l’origine de l’opposition au projet du ministère de la Culture de l’ouverture du Louvre 2 à Abou Dhabi, mais aussi du Louvre-Lens et, dans une moindre mesure, du projet Louvre-Atlanta. Il lance même une pétition qui lui vaudra son impopularité dans plusieurs administrations telles que la Direction des musées de France, le ministère de la Culture et, noblesse oblige, le Louvre par le biais de son président, Henri Loyrette.

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« Le Louvre n’est plus un musée, il est devenu une franchise commerciale », lance-t-il en introduction de son livre. Le ton est donné qu’il va tenir, tambours battants, tout au long de sa diatribe contre les institutions culturelles qui nous dirigent. Et de dénoncer le système « fric », les incompétences des énarques qui gèrent les musées (« C’est l’ENA qui fait office d’école du patrimoine », écrit-il), les lacunes déontologiques des conservateurs et les nominations scandaleuses (celle d’Alain Seban au Centre Pompidou et de Bernard Notari – du cabinet du ministre de la Culture- au domaine national de Fontainebleau par exemple).

« Pourquoi la France s’est-elle récemment lancée dans cette course à la mondialisation des musées », se demande Didier Rykner. La réponse, il la trouve chez Jean-Jacques Aillagon et Renaud Donnedieu de Vabres, ministres de la Culture. L’analyse est alors sans complaisance, qu’il s’agisse des projet du Louvre-Lens, d’Atlanta et de celui d’Abou Dhabi.

Insupportable l’idée de transporter des oeuvres fragiles à l’autre bout du monde. Intolérable aussi l’idée de déposséder le Louvre de ses plus belles oeuvres. La pétition de Didier Rykner affichée sur le site de la Tribune de l’Art mit le feu aux poudres. Reprise par le journal Libération et même par le New York Times, la machine médiatique est alors lancée. Fort des soutiens rencontrés généralement dans la presse, Didier Rykner voit néanmoins son site interdit dans les Emirats Arabes Unis pendant plusieurs mois, ce qui ne l’empêche pas de ferrailler contre les tenants de la mondialisation de la culture.

D’un combat à l’autre, il n’y avait qu’un pas à franchir. C’est ce qui fait l’auteur dans son dernier chapitre à propos de l’inaliénabilité des oeuvres d’art, projet « retoqué » par le Parlement.

Le Spleen d’Apollon est donc un livre où l’auteur excelle dans ses joutes oratoires et épistolaires. Qu’il ait tord ou raison, Didier Rykner apporte ici un courant d’air frais aux débats trop souvent apprêtés du monde conventionnel de la culture.

Le Spleen d’Apollon. Musées, fric et mondialisation.
Auteur : Didier Rykner
Editions Nicolas Chaudin, Paris, 2008.

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