Le comté irlandais de Clare : un riche patrimoine et des ambitions

Le comté de Clare, moins connu que le Connemara ou le Kerry qui le bordent, possède néanmoins beaucoup de charme. L’intérieur des terres vaut le détour et la côte avec les célèbres Falaises de Moher. Arrêtez-vous dans le Burren : les paysages lunaires qui vous y attendent vous blufferont. Une richesse archéologique indéniable. L’AJP y était et vous en dit plus.

Le patrimoine bâti du Comté de Clare

Le comté de Clare possède une belle richesse de patrimoine bâti qui se présente sous forme de ruines historiques et archéologiques, en particulier avec les meilleurs exemples d’établissement précoce de l’homme dans ces contrées. Quant à l’environnement d’aujourd’hui, c’est celui qui formera le patrimoine de demain de la même manière que les styles architecturaux du passé ont fourni l’identité actuelle de ce territoire. L’architecture est une entité dynamique qui a besoin de s’ajuster aux nécessités des générations actuelles et futures. Ainsi les nouveaux plans de développement du comté de Clare sont en train de dessiner le futur positif du territoire. Il existe ainsi 666 « Structures Protégées » dans le Plan de développement du comté qui s’échelonnera de 2011 à 2017. Plus 30 zones de conservation architecturales (ACA).
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On connaît dans le comté de Clare pas moins de 7500 sites archéologiques répertoriés et certains restent à découvrir. Citons aussi les 170 cimetières incluant des sites d’enterrements d’enfants. Ainsi, l’Inventaire Archéologique du Comté de Clare se met à jour continuellement. www.archology.ie

De nombreux exemples de monuments datant de l’Age du bronze et des premières périodes chrétiennes sont toujours présents, de nombreux sites religieux médiévaux sont toujours là aussi.

Les hautes-croix de Kilfenora et la cathédrale

L’AJP a pu se rendre sur le site de Kilfenora, vieux de 1000 ans au moins, où l’on trouvait une des plus anciennes communautés religieuses d’Europe de l’Ouest..La cathédrale de Kilfenora, qui est partiellement en ruine, date du XIIème siècle, dédiée à Saint Fatchnan en 1189 et reste un lieu de culte de nos jours .Le christianisme s’implante à Kilfenora à partir du VIe siècle, avec la fondation sur les lieux par saint Fachanan d’un monastère. Il ne reste aucune trace de l’abbatiale d’alors, ce qui permet de supposer qu’elle était construite en bois. Elle est en tout cas détruite une première fois en 1055 par Murrough O’Brien (terribles ces O’Brien si puissants dans la région), et reconstruite dans les trois années qui suivirent ; elle est à nouveau pillée en 1079. Finalement, elle brûle accidentellement en 1100 et est reconstruite en 1189.
L’église n’est réparée que dans les années 1830. Une très curieuse architecture pour le moins.
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Cathédrale de Kilfenora

Trois hautes-croix(sur les sept qui furent connues) ont été récemment restaurées et sont maintenant placées dans le transept dont la toiture a été refaite (une couverture en plexiglas et verre, contestable esthétiquement mais protégeant bien l’endroit).
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Parmi ces croix se trouve la Doorty Cross, magnifiquement gravée vers le 9ème siècle. C’est la plus ancienne et est actuellement placée dans l’ancien chœur. Découverte en deux morceaux, elle avait été reconstituée à l’entrée ouest de la cathédrale. Elle daterait de 1152, à la création du diocèse.
Elle représente côté ouest une figure du Christ, au-dessus de quelqu’un chevauchant un âne. Côté est, elle représente saint Pierre donnant sa bénédiction à deux personnes : un évêque (marqué par une crosse irlandaise) et un abbé (avec une crosse en T), ce qui montre le passage du statut monastique au statut diocésain. Le Department of Arts, Heritage, Gaeltacht and the Islands a débloqué il y a quelques années un millier de livres irlandaises pour préserver la cathédrale, les croix et le cimetière
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La Doorty Cross

Nous avons tenté de comprendre la signification de ces hautes-croix et leur importance, aidés en cela par la jeune archéologue Michelle O’Dea qui dépend du fameux OPW (Office of Public Works), l’instance d’état dont dépend une grande partie du patrimoine irlandais.
Elle devait ensuite nous guider sur un autre site de grande importance, le dolmen de Poulnabrone, en irlandais : Poll na mBrón, « trou de douleurs » Tout un symbole !

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Incontournable Poulnabrone

L’un des plus célèbre dolmens d’Irlande ! Si vous souhaitez découvrir des traces de l’histoire irlandaise remontant à plus 5 800 ans, alors pensez à faire une halte du côté du Burren, toujours dans le comté de Clare. Le Dolmen de Poulnabrone se tient là, perdu dans la montagne rocailleuse d’Aillwee, et fait face aux rigueurs du temps depuis des milliers d’années. N’hésitez pas à y aller : la visite est gratuite et le dolmen est tout simplement impressionnant. Fermement implanté sur un monticule pierreux, le dolmen de Poulnabrone est protégé par un mince cordon signalant aux visiteurs l’interdiction de s’approcher plus près des mégalithes.

Il vaut mieux éviter certaines heures où des bus entiers déversent leur trop plein de touristes autour du dolmen. (Il s’agit d’un site touristique majeur en Irlande, et mieux vaut admirer l’édifice au calme pour vraiment en profiter, d’autant plus que le dolmen est protégé par un cordon de sécurité !) L’AJP est arrivée en fin de journée, sous une fine pluie ; quasiment les seuls.

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C’est quoi ce dolmen ?

Âgé de plus de 5 800 ans, il aurait été bâti dans l’objectif de servir d’autel funéraire : on y a ainsi trouvé de nombreux ossements et vestiges humains, prouvant que plus de 22 corps y ont été brûlés sur une période de 600 ans (de 3200 à 3800 avant J.C).
D’après les archéologues, cette tombe aurait accueillit la dépouille de 16 à 22 adultes, ainsi que 6 enfants et un nouveau né. Mais ce monument mégalithique, n’était pas uniquement réservé à des rites funéraires : d’après les théories des chercheurs, le Dolmen de Poulnabrone servait occasionnellement de lieu de cérémonies sacrées, ainsi que de rites symboliques…

Le gardien du temple : l’OPW
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Signalons tout de suite afin de mieux comprendre son importance que l’OPW veille au jour le jour sur le patrimoine et comprend deux instances principales : Le National Monuments Service et le National Historic Properties Service. Il existe depuis 1831 et emploie environ 2000 personnes. Il est actuellement dirigé par un jeune Ministre d’Etat, Simon Harris, nommé en 2014. L’OPW porte la responsabilité de 780 sites patrimoniaux en Irlande qui incluent les monuments nationaux, les parcs historiques, des jardins et autres bâtiments d’importance.

Pour en revenir à l’évolution du Comté de Clare, les périodes troublées et turbulentes des périodes médiévales tardives ont abouti à la construction de plus de 200 tours à travers tout le comté puis, à partir du 18è siècle, ce fût l’édification de belles demeures campagnardes associées à des ponts, églises et ouvrages militaires. Enfin, le 19ème siècle, pour sa part, voit le développement de villes planifiées et de villages avec places de marchés, maisons de campagne, cottages comme ceux d’Adare et bien sûr, les fameuses maisons Géorgiennes.

Dans un prochain article, nous évoquerons Limerick, son patrimoine mais aussi ses ambitions de développement.

G.L.

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