Ce voyage de presse organisé sur mesure, début mars, pour l’AJP par la municipalité de Vitré a permis à dix de nos membres de découvrir son patrimoine. Georges Levet, secrétaire administratif de notre association, nous livre son compte-rendu.
Vitré la médiévale, Vitré la discrète, Vitré, dont le patrimoine reste encore trop peu connu des touristes qui souvent ne font que passer, a décidé de dévoiler ce qu’elle a de précieux et de le valoriser par un parcours nocturne « Vitré Lumières ». Toute une équipe emmenée par la municipalité a travaillé sur cette mission qui a été présentée à notre petit groupe de journalistes du patrimoine, invité début mars à se rendre dans cette ville pour mieux la découvrir.
1)Le château médiéval abritant l’hôtel de Ville et le musée de Vitré.
2) Marie-Annick Bouquay, adjointe en charge du patrimoine de Vitré.
3) Gwenolé Allain, directeur adjoint à la Culture, au Tourisme et à la Communication.
4) Marie-Cécile Duchesne, adjointe en charge de la Culture et Anthony Morel, adjoint délégué à l’Urbanisme et à l’Habitat, conseiller communautaire.
5) Nolwenn Batais, chargée de mission tourisme.
6) Catherine Lhopital, guide-conférencière.
7) Vincent Jouve, enseignant à l’ENS Bretagne, dans une maison médiévale de 1411, en cours de restauration rue du Bourg-aux-Moines.
8) Morgan Sorel, dans son restaurant L’Artisan.
9) Stéphane Gautier, responsable scientifique des musées et du patrimoine.
10) Marie Laferté, architecte.
11) Séverine Cachat, directrice de la Maison des cultures du monde.
12) Thomas Gatel, responsable du service patrimoine et de la valorisation touristique de Vitré Communauté.
13) Anne-Marie Hodemon, présidente de l’association Vitré Patrimoine auprès de l’orgue de Notre-Dame.
14)Teddy Régnier, vice-président en charge du tourisme, à la cité des Sculpteurs à Châteaubourg.
15) Pierre Méhaignerie, maire de Vitré depuis 1977, au restaurant L’Artisan.
Photos © Véronique Hamel : reportage complet sur son blog
Gwenolé Allain, directeur adjoint tourisme, culture, communication a été l’organisateur et le guide de ces deux jours de visites diverses. Pour commencer, nous avons découvert le château, emblème de cette ville, à la fois forteresse et mairie. Notre groupe s’est vu présenter les actions menées pour le cœur de ville en présence des élus de Vitré et en particulier de son maire pendant quarante ans, Pierre Méhaignerie. La Ville de Vitré a effet pris conscience de manière précoce des enjeux du patrimoine en termes de respect du bâti et de l’histoire, et, dès 1969, des visites guidées débutaient. Puis ce fût, en 1977, la création d’un secteur sauvegardé. L’actualité récente, qui a donc justifié la venue des journalistes de l’AJP, consiste en une nouvelle valorisation de ce patrimoine : l’opération municipale « Vitré Lumières ».
Nous avons pu prendre connaissance d’un grand ouvrage de référence sur le patrimoine de Vitré, coordonné avec des architectes, archivistes, historiens, tous passionnés de leur ville (1). Certains d’entre eux ont été nos accompagnateurs durant ce séjour.
Puis nous avons visité le château. Deux façons de s’en imprégner : le parcourir, jusque dans ses couloirs secrets, et écouter ce qu’un véritable connaisseur comme Stéphane Gautier, animateur de l’architecture et du patrimoine de Vitré, peut montrer à partir d’une maquette-puzzle détaillée.
Le château abrite aussi actuellement le musée, ce dernier présentant des objets inattendus et merveilleux, comme une collection d’orfèvrerie civile, mais aussi un étonnant triptyque d’émaux : trente-deux plaques d’émail peint créés à Limoges en 1544, et mis en valeur dans leur écrin de bois de la même époque, une rareté.
Une fabuleuse cheminée monumentale Renaissance (1583), plusieurs fois démontée, vendue et revendue, a finalement été placée au musée. Preuve du passé de Vitré, ville riche grâce à la toile, aux textiles, le négoce des toiles de chanvre ayant laissé partout des traces. Lucas Royer fût un de ces richissimes négociants (on retrouve leurs marques partout),et sa cheminée était la marque de sa fortune. Ces « marchands de canevas » contribuèrent largement à la diffusion du protestantisme à Vitré. Un petit dépliant intitulé « laisser-vous conter le protestantisme à Vitré » est prévu pour les visiteurs intéressés.
Une visite de la ville de Vitré, a eu ensuite lieu sous l’angle des restaurations récentes et des chantiers en cours en compagnie de Marie-Annick Bouquay (adjointe en charge du patrimoine) et des équipes du patrimoine : tour de la Bridole, enceinte urbaine…
D’abord, l’église Notre-Dame : de style gothique avec une façade caractéristique des églises à pignons de Bretagne et une chaire à prêcher extérieure, une rareté. Nos accompagnateurs nous ont fait apprécier le remarquable décor intérieur enrichi au XIXe siècle, et nous reverrons cette église de nuit avec son magnifique jeu de lumières passant par les vitraux.
« Vitré Lumières » désigne le parcours lumineux qui vient d’être créé dans la ville, soulignant et mettant en valeur son architecture, son histoire et ses personnages importants, tels que Madame de Sévigné, Pierre Olivier Malherbe ou les fameux marchands qui firent la richesse de la cité. Ce rendez-vous est à vivre toute l’année, à la tombée de la nuit. La ville se révèle alors sous un voile de lumières, tandis que les étapes de son histoire sont contées en sons et en images projetées. Ici sur un angle de tour, là sur les pavés ou encore sur les murs. Un remarquable travail technique et artistique.
Pour accompagner les touristes dans cette déambulation, un guide du visiteur est disponible à l’Office de tourisme, à l’accueil du musée du château et en téléchargement.
Ses Informations historiques et anecdotes viendront compléter les « vitrégraphies » et les animations lumineuses que l’on trouve sur son chemin.
De nombreuses portes habituellement fermées ont été ouvertes à cette occasion. Car le patrimoine privé n’est pas oublié. Certains ont acheté des maisons médiévales en quasi ruines, mais se lancent dans des restaurations ardues et coûteuses, l’une d’entre elles fera l’objet de notre visite sous la houlette de Vincent Jouve, enseignant à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Bretagne. Etonnant projet !
Le Prieuré Notre-Dame, classé Monument Historique, fait aussi partie de ces lieux d’exception. Son plan n’a plus rien des habituels bâtiments conventuels, reconstruit, par les Bénédictins vers 1680. Nos hôtes nous font découvrir dans l’une des ailes, la Maison des Cultures du Monde. Inauguré en 2005, son centre de documentation abrite aussi des collections d’objets (instruments de musique, masques, poupées…). En 2011, cette antenne de Vitré a été désignée « organisme compétent pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel présent sur le territoire national ».
Enfin, nous a avons découvert le romantique Château des Rochers, le manoir gothique de Mme de Sévigné et son parc. Elle fît en ces lieux pas moins de 16 séjours et y écrira 297 lettres dont 262 à sa fille, Mme de Grignan. Le musée qui est installé dans les lieux, de même que la jolie chapelle, nous ont permis de bien mieux connaître l’esprit de l’illustre épistolière.
Sur le trajet du retour vers la capitale, les journalistes ont eu droit à une halte patrimoniale au village de Champeaux pour visiter sa collégiale qui date des XVe et XVIe siècles et comporte en particulier des stalles, qui sont parmi les plus belles de Bretagne et de magnifiques vitraux. Tout, ici, reste baigné du souvenir de la riche famille d’Epinay qui fît édifier cette église.
Au moment des remerciements et adieux à nos hôtes si professionnels, le groupe de journalistes n’a pu que tomber d’accord avec le poète Gérard de Nerval pour conclure que : « Vitré est peut-être la ville de France qui a le mieux conservé sa physionomie du Moyen-Age ».
Georges Levet
Contacts : Gwenolé Allain : gwenole.allain@mairie-vitre.fr et tél : +33 2 99 75 05 21.
Office de Tourisme du Pays de Vitré , tel : 02 99 75 04 46
Lire aussi ci-contre, l’article de notre consoeur Geneviève Guihard.
(1) « Vitré Histoire et patrimoine d’une ville » par Daniel Pichot, Valérie Lagier, Gwenolé Allain, Paris : Somogy, 2009, 269 p. (à acheter d’occasion car épuisé).