L’AJP à la Laiterie de la Reine de Rambouillet

Georges Levet, secrétaire administratif de l’AJP, a suivi la visite de la Laiterie de la Reine, à Rambouillet, organisée par le Centre des monuments nationaux. Le Centre vient en effet d’y restituer son mobilier d’origine et de la rouvrir au public. Son compte-rendu.

Au cœur du domaine de Rambouillet (Yvelines) se cachent bien des trésors. Si le
château reste l’attrait majeur, il ne faut pas oublier que dans le parc se trouvent la
magnifique et exceptionnelle chaumière aux coquillages ainsi que la laiterie de la
Reine. Un cadeau de Louis XVI à Marie-Antoinette.

L’endroit à enfin retrouvé (presque) ses meubles originaux. Nous y étions ce 10 juin 2025 afin de suivre une belle visite menée par Isabelle de Gourcuff, l’administratrice du domaine.

L’édifice, conçu sous la direction des Bâtiments du Roi et du comte d’Angiviller, par
ailleurs gouverneur du domaine de Rambouillet, est une laiterie d’agrément ou de
propreté dont le roi passe commande en 1785, une année après avoir racheté le
domaine au duc de Penthièvre.

Ce type de construction, imaginé pour le divertissement d’une aristocratie attirée par la vie rustique, fait l’objet d’un nouvel engouement dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, reprenant en cela le goût de Catherine de Médicis, qui se fait construire une laiterie près de Fontainebleau, mais aussi celui de Louis XIV, qui fait construire deux autres laiteries de propreté à la ménagerie de Versailles, sur le modèle de la célèbre laiterie de Chantilly, aujourd’hui disparue, édifiée pour le prince de Condé.

Le projet est confié à Hubert Robert, dessinateur des jardins du roi depuis 1784,
chargé de superviser les travaux. Ce dernier fait appel à l’architecte Jacques-Jean
Thévenin et au sculpteur Pierre Julien qui exécute le groupe sculpté qui doit être placé dans une grotte, « Amalthée et la chèvre de Jupiter ».

Nous ne pouvons ici nous attarder sur l’aspect architectural du bâtiment. Il faut absolument y aller ! L’objectif de notre visite était le retour du mobilier d’époque et l’ouverture au public à compter de ce jour. Signalons le fait que, pour tout comprendre, il y a maintenant un espace de médiation tout à côté.

Le mobilier conçu pour le lieu était nouveau : il n’est pas question, dans la première
pièce, d’une traditionnelle table centrale en marbre complétant les tables d’appui
comme dans les autres laiteries. C’est une table en acajou massif qui est livrée en
1787 par Georges Jacob à Hubert Robert, accompagnée de quatre guéridons et de
tout un ensemble de sièges « de forme nouvelle de genre étrusque en beau bois
d’acajou massif d’après le dessin de Robert ». Une grande terrine et six tasses avec
leurs soucoupes, le tout de porcelaine, sont livrées pour cette salle en 1788.

Oui, mais voilà ! Entre le temps qui passe et les événements qui suivent, comme la
Révolution, ce beau mobilier disparaît. Qui plus est, Marie-Antoinette, capricieuse,
avait quelque peu dédaigné ce très bel édifice et n’y était venue qu’une fois.
Le retour dans son écrin d’origine du mobilier livré par Georges Jacob à la Laiterie
en 1787 à la demande de Louis XVI, grâce à un généreux dépôt de l’Établissement
public du Château, du Musée et du domaine national de Versailles, constitue une
nouvelle importante étape.

Cet ensemble de 10 chaises, 4 fauteuils, 6 tabourets, 1 grande table et 4 guéridons témoigne du goût étrusque apparu à la toute fin du XVIIIe siècle : dossiers en crosse, pieds postérieurs en sabre, piètement en croix inspirés des sièges curules antiques, croisillons ajourés rappelant des sanglages en cuir.
Si des pièces de ce mobilier avaient retrouvé leur place à la laiterie pour la première
fois depuis 1793 lorsqu’elles avaient été prêtées par le château de Versailles en 2021 à l’occasion de l’exposition « Vivre à l’antique, de Marie Antoinette à Napoléon Ier », c’est aujourd’hui l’ensemble des sièges, à l’exception d’un tabouret, soit 4 fauteuils, 10 chaises et 5 tabourets, qui a repris le chemin de la Laiterie. Une étroite collaboration existe entre le Château de Versailles et Rambouillet. A voir cet été !

G.L.

Renseignements et horaires d’ouverture sur le site :

https://www.chateau-rambouillet.fr/

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