- François Simon-Fustier présente un exemple de modélisation 3D des mécanismes d’une horloge monumentale datant du XIXe siècle (photo Ph. Royer)
Le Maître horloger et Maître d’art lyonnais François Simon-Fustier était notre invité mercredi 12 mars, dans le cadre des Petits-déjeuners de l’AJP. Le compte-rendu de Georges Levet.
LE PETIT DEJEUNER DU 12 MARS : SAVOIR COMPTER LE TEMPS DEPUIS…
LA NUIT DES TEMPS !
Le temps ne s’incline pas devant nous mais nous devant le temps (Proverbe russe)
Ah oui, le temps. Être à l‘heure ou pas. Encore faut-il savoir le mesurer. C’était toute la thématique de l’intervention de François Simon-Fustier au cours du petit déjeuner organisé par l’AJP le 12 mars à la Maison des Associations du 14ème arrondissement, notre siège social.
François Simon-Fustier est maître horloger et maître d’art et connaît bien l’histoire de l’horlogerie et de sa mesure. Il a donc pu nous présenter une synthèse de ce que l’on sait sur le sujet. Une première approche sur les très anciens objets de mesure : le sablier, le cadran solaire, la clepsydre déjà connus en Egypte, en Mésopotamie, en Chine. Puis l’évolution avec les premières horloges mécaniques vers le XIIIème siècle avec pour principe la chute d’un poids entraînant des rouages. Ni cadran ni aiguilles à l’époque. Seule fonction : sonner les heures. La première horloge publique frappant les heures est à Milan en 1335 et les horloges domestiques n’apparaîtront qu’à la fin du XIVème siècle.
Cours de mécanique horlogère
François rentre alors un peu nécessairement dans le descriptif des mécanismes essentiels comme l’organe moteur, les rouages, l’échappement ou le régulateur. Il faut suivre mais il est démonstratif dans ses gestes !
C’est d’ailleurs le régulateur qui fût le point faible des premières horloges et les savants les plus illustres, surtout au XVIIème siècle tel Huygens, vont améliorer le pendule et son balancier spiral en suivant les travaux antérieurs de Galilée.
La Réforme et la Suisse
Une partie bien développée de l’exposé de François Simon-Fustier avait trait à l’expansion de l’industrie horlogère avec ses deux pôles d’alors en Franche-Comté et en Normandie (horloge St Nicolas), d’où l’énorme quantité des horloges comtoises notamment, fiables et robustes. Le tout avec des enjeux financiers importants. Mais il faut se rappeler que l’industrie horlogère a commencé tôt, en Suisse et en Angleterre. En Suisse, explique-t-il, il y eût un afflux de réfugiés Huguenots suite à la révocation de l’Edit de Nantes. Des bouleversements surgirent lorsque Calvin bannit à Genève les signes de richesse obligeant les orfèvres et les joailliers à se tourner vers l’horlogerie.
Calcul de la longitude
Un point d’histoire important qui nous est révélé fût lorsque le parlement anglais vota en 1714 le Longitude Act offrant une forte récompense à qui inventerait la bonne mesure de la longitude. En effet, l’Angleterre était atterrée par le désastre de l’escadre de Shovel qui se jeta en 1707 sur les îles Scilly alors qu’il croyait entrer dans la Manche ! Les travaux de Harrison permirent alors enfin d’effectuer l’aller-retour entre Londres et la Jamaïque avec une erreur de seulement 2 minutes en 6 mois de traversée. Il gagna donc la récompense du parlement.
Le projet Chronospedia : une affaire personnelle.
François Simon-Fustier a, pour le moment, un bien beau projet. Une encyclopédie numérique des mécanismes horlogers afin, dit-il, que l’on évite une véritable « archéologie horlogère » d’ici vingt ans lorsque personne ne saura plus « comment ça marche ». Une encyclopédie en ligne, ouverte, du savoir en horlogerie ancienne. A ce jour, Chronospedia termine sa construction. L’objectif est de proposer des modèles 3D animés et annotés avec des visualisations en réalité virtuelle et augmentée. Tout cela avec la collaboration entre le monde horloger (Musées, horlogers professionnels, associations savantes) et celui de l’enseignement supérieur et de la recherche. Et un partenariat avec Dassault Systèmes, bien précieux.
Ainsi, Chronospedia permettra de comprendre plus facilement le fonctionnement ou le dysfonctionnement des mécanismes avec les approches les plus pédagogiques possibles. Bel outil moderne de transmission du savoir-faire.
G.L.