L’office central de lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC) a procédé le 7 juin 2016 à trois interpellations de professionnels du marché de l’art, dans le cadre d’une enquête sur le commerce de faux meubles du XVIIIème siècle, selon un communiqué du ministère de la Culture.
Deux antiquaires qui ont été placés en garde à vue à Nanterre mardi : Bill Pallot, historien, collectionneur d’art et professeur depuis 15 ans à Paris IV et Laurent Kraemer, directeur de la galerie du même nom.
Sommes-nous à la veille d’un grand scandale du marché de l’art?
Plusieurs meubles acquis pour le Château de Versailles entre 2008 et 2012 seraient concernés, pour un montant de 2,7 millions d’euros. Le Château de Versailles posséderait au total six fausses chaises dont l’une proviendrait du cabinet de la Méridienne, achetée en 2011 pour 400 000 euros. « Ce qui m’ennuierait le plus, c’est que celle-ci soit fausse », a confié Béatrix Saule, la directrice des collections à La Tribune de l’Art.
La rumeur courait depuis plusieurs mois, sur l’existence d’un atelier de faux mobilier XVIIIe impliquant restaurateurs, intermédiaires, antiquaires et experts, rapporte le magazine Connaissance des Arts. C’est au faubourg Saint-Antoine (le quartier des ébénistes du XVIIIe à Paris) qu’auraient été fabriqués des meubles célèbres, dont certains auraient rejoint les collections nationales.
Pas moins de quatre meubles (ou plutôt quatre achats, concernant six meubles en tout) acquis par Versailles sont mis en cause dans cette affaire, tous faisant partie de la même filière présumée, certains ayant même été classés « trésor national ». Deux autres chaises, également déclarées trésor national, que Versailles a failli acheter, l’ont été finalement par un particulier étranger en France. Celui-ci a rendu les meubles à l’antiquaire qui les avait vendus, en début d’année, et a été remboursé…
Inspection sur les procédures d’acquisition en faveur des collections nationales
Parallèlement à l’enquête menée par l’OCBC qui se poursuit, la ministre de la Culture et de la Communication va lancer sans délai une inspection administrative relative aux processus d’acquisition des biens évoqués en l’espèce dans cette affaire, ainsi que, plus généralement, sur les procédures d’acquisition en faveur des collections nationales.
Le plus amusant (pour peu que cela soit drôle), dit Didier Rykner, c’est que dans le cadre de son remeublement, le château de Versailles est actuellement en train de reconstituer le lit de Louis XVI. Un faux complet et revendiqué comme tel, refait non pas à partir de gravures, mais de descriptions trouvées dans des inventaires. Et qui est en charge de la réalisation effective de cette œuvre ? Le même artisan dont le nom est cité dans l’enquête comme ayant exécuté les faux achetés par Versailles. La boucle est bouclée…