Après une semaine de travail au logis royal, les archéologues ont mis au jour une salle prestigieuse aux dimensions gigantesques.
Ce n’est pas la salle elle-même qui surprend. Lors des premiers sondages réalisés en 2013 au fond du parc du logis royal, les archéologues du Département étaient déjà sûrs ou presque d’avoir exhumé la grande salle seigneuriale du palais des comtes d’Anjou, bâti il y a un millénaire (1). Les fragments trouvés à l’époque prouvaient son caractère prestigieux, avec ses murs décorés de vitraux et entièrement enduits.
Non, le coup de théâtre est ailleurs?: dans la taille considérable de cette salle. A l’origine, Pierre Papin, qui dirige le chantier, pensait qu’elle mesurait 150 m2. Les fouilles plus approfondies conduites depuis une semaine démontrent qu’elle avoisinait en réalité… 500 m2 ! Ce que les archéologues pensaient être la longueur de la salle seigneuriale n’était en réalité que sa largeur… En se fondant sur l’emplacement d’un portail monumental de deux mètres de largeur qui vient d’être découvert, ils évaluent la longueur de la pièce à une trentaine de mètres. Soit jusque sous les arbres actuellement visibles dans le parc. « 150 m2 auraient été une surface très honorable. Mais ce sont des dimensions que l’on peut retrouver dans des demeures de petits seigneurs. Une salle d’apparat de 500 m2 correspond davantage au statut des comtes d’Anjou ».
Remonter le temps
Cette surprise de taille va conduire les archéologues à réexaminer ce qu’ils pensaient savoir sur la salle seigneuriale. « Après les sondages de 2013, on estimait qu’elle avait été bâtie dans la première moitié du XIe siècle (2), donc par Foulques Nerra lui-même ou par son fils, Geoffroy II Martel, poursuit Pierre Papin. Mais la salle pourrait en fait avoir été construite un demi-siècle, voire un siècle plus tard. »
D’ici la fin de cette campagne de fouilles, prévue le 18 septembre, les archéologues du Département vont affiner leur connaissance des sols de cette salle, mieux connaître ses éléments de décor. Et creuser plus profondément encore pour tenter de remonter le temps jusqu’à l’époque romaine.
(1) Et détruit lorsque le logis royal a vu le jour au XIVe siècle. (2) Ce qui aurait voulu dire au même moment, ou presque, que le donjon de Loches.
“ Des fouilles moins invasives ”
La datation exacte de la salle seigneuriale ne sera connue qu’après ces fouilles. A moins qu’il ne faille attendre les fouilles déjà programmées en 2017. C’est aussi l’an prochain que les archéologues pourront se faire une idée du plan précis de la salle de 500 m2 environ. Pas question pour autant de creuser sous le parc du logis royal sur une telle superficie. « Il va falloir utiliser des techniques moins invasives », explique l’archéologue Pierre Papin. La solution?? Sans doute la prospection radar permettant de dresser la cartographie de la salle sans donner un coup de pioche.
Source : La Nouvelle République