Comment faire pour s’habiller ou se chausser pendant l’Occupation ? Réponses à Lyon.

Face à l’occupant allemand, les femmes françaises ont tout fait pour rester dignes et continuer à cultiver l’élégance qu’on leur reconnaissait dans le monde entier. C’est cette histoire originale de la seconde guerre mondiale que raconte à Lyon le CHRD, le Centre d’Histoire, de la Résistance et de la Déportation.

L’effort de guerre, puis les réquisitions après la capitulation ont conduit à une pénurie en France qui ne concernait pas seulement l’alimentation. Il était impossible de se vêtir ou de se chausser normalement. Il a donc fallu s’adapter, et c’est ce qu’on fait les Françaises, alors que la plupart des maisons de couture, elles, fermaient leurs portes faute d’approvisionnement.

Ainsi, en 1941, l’occupant allemand réclame à la France 6 millions de paires de chaussures. Les Parisiens, eux, devaient, s’ils étaient pieds nus, faire une demande auprès de leur mairie, avec peu d’espoirs de la voir aboutir. Ils se sont donc tournés vers les chausseurs qui se sont mis à proposer des modèles épargnés par le rationnement, en raphia, ruban ou paile tressés. Au lieu du cuir, les semelles étaient en bois évidé.

La population lyonnaise est confrontée au manque de laine, de coton, de cuir. Elle doit faire face à des difficultés quotidiennes croissantes et mettre en place des stratégies complexes pour continuer à se vêtir, surtout après l’entrée en vigueur de la carte textile en juillet 1941 : les articles à usage vestimentaire sont soumis au régime de bons d’achat. Face à la pénurie en articles textiles, causée par les réquisitions allemandes, les Français sont astreints à un quota de 30 tickets. Pour subvenir à ses besoins, il faut des prodiges d’inventivité.

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Teinture et turbans

Comment cacher la misère. Pas de bas de soie ? Des produits de teinture pour les jambes proposés par Elisabeth Arden. Pas de colorants pour cheveux, de produits de mise en plis ? Des turbans sur la tête. Et chez Lanvin, on utilisait des bretelles de pantalon pour faire des bandoulières de sacs.

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Tant de sacrifices, on se doute, laissent place à l’exaltation quand vient la libération. C’est ainsi que les chapeaux se réhaussent aussitôt, avec fierté, et que l’imprimé qui fait rage s’inspire des drapeaux des vainqueurs !

Et preuve que l’élégance à la française ne voulait pas s’effacer, le film « Falbalas » de Jacques Becker, tourné à Paris en 1944 et sorti en 1945. Il se déroule dans le milieu de la couture. Il est projeté dans le cadre de l’exposition au CHRD.

Exposition « La mode en temps de guerre. Pour vous, mesdames » jusqu’au 13 avril 2014.

Centre d’histoire de la résistance et de la déportation. 14, avenue Berthelot. 69007 Lyon. www.chrd.lyon.f

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