En théorie protégé par la Convention de La Haye (1907), qui interdisait toute destruction volontaire de celui-ci en cas de guerre, le patrimoine artistique belge et français a fait l’objet de dommages très importants dès les premiers jours de la guerre. Qualifiés « d’atrocités culturelles », l’incendie de la bibliothèque de Louvain le 25 août 1914, le bombardement de la cathédrale de Reims le 19 septembre suivant et la destruction du beffroi d’Arras en octobre, placèrent en effet les autorités allemandes dans une situation difficile auprès de l’opinion publique mondiale. La suite du conflit, avant tout meurtrier en vies humaines, fut également jalonnée d’importantes destructions patrimoniales, au sein desquelles il faut compter les collections muséales.
Côté allemand : l’Allemagne répondit aux accusations de « barbarie » en créant le Kunstschutz, service de protection des œuvres d’art au sein des armées, d’abord en Belgique occupée à l’automne 1914, puis en 1916 dans le Nord et l’Est de la France. À la différence des Allemands, Français et Belges ont cependant toujours émis des doutes quant à l’intention réelle de ce dernier, dont il est encore aujourd’hui difficile de décrire précisément les objectifs : protection, propagande, saisie de collections déguisée ?
Côté français : face aux ravages opérés par les bombardements et tirs d’artillerie dans les localités traversées par la ligne de front – ou situées à proximité -, le service des Monuments Historiques propose, en accord avec le ministère de la Guerre, une organisation d’ensemble pour la protection des monuments, la conservation et l’évacuation des objets d’art. En août 1917, un « Service de protection et d’évacuation des monuments et œuvres d’art » est créé, qui décide de l’opportunité d’une évacuation et des mesures de protection à établir sur place.
Les musées du Nord et de l’Est de la France jouèrent un rôle important dans l’action de ces deux services, ce que l’exposition propose de découvrir à travers des documents d’archives, des photographies, des œuvres évacuées à l’époque et des interviews de spécialistes de la question.
En partenariat avec le Forum antique de Bavay/Département du Nord, qui présente du 6 février au 26 août 2014 l’autre volet de l’exposition, Sauve qui veut. Des archéologues mobilisés, 1914-1918, en se penchant sur l’histoire de l’archéologie le long de la ligne de front. Les deux institutions ont obtenu la labellisation Centenaire.
Avec le soutien de la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, Charenton-le-Pont, de l’Établissement de Communication et de Production Audiovisuelle de la Défense (ECPAD), et des Archives centrales des musées d’État de Berlin (Zentralarchiv der Staatlichen Museen zu Berlin– Preußischer Kulturbesitz). Dans le cadre de Guerres et Paix, opération menée par l’association des conservateurs des musées du Nord-Pas-de-Calais.
• Commissaire scientifique
Christina Kott, docteure en histoire, maître de conférences à l’Université Panthéon-Assas Paris 2, spécialiste du Kunstschutz pendant la Première Guerre mondiale
• Commissaires scientifiques associés
Heino Neumayer, conservateur au Museum für Vor- und Frühgeschichte, Berlin
Gaëlle Pichon-Meunier, responsable de la documentation des objets mobiliers à la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine, Charenton-le-Pont
• Commissaires générales
Véronique Beirnaert-Mary, directrice du Forum antique de Bavay
Isabelle Bollard-Raineau, responsable du service recherche-conservation au Forum antique de Bavay
Anne Labourdette, directrice du musée de la Chartreuse de Douai
• Catalogue
Sauve qui veut. Des archéologues et des musées mobilisés, 264 pages, 200 illustrations.
Parution en mars 2014, co-édition du Conseil Général du Nord et de la Ville de Douai, 30 €.
Auteurs : Isabelle Bollard-Raineau, Christina Kott, Anne Labourdette, Serge Lewuillon, Heino Neumayer et Gaëlle Pichon-Meunier.