Bons baisers des colonies. Images de la femme dans la carte postale coloniale.

jpg_baisersdescolonies200.jpg« Objet de correspondance familiale, amicale ou amoureuse, la carte postale coloniale circule d’une extrémité à l’autre de l’Empire… Son évolution suit la progression de la colonisation et connaît son apogée au même moment que celui de l’Empire, lors de la décennie des années 1930″.

La carte postale n’en était pourtant pas à son coup d’essai. En France, elle avait acquis ses lettres de noblesse depuis la fin du XIX ème siècle avec des sujets divers et variés. Proposant certes des photographies de paysages et de monuments, la carte postale devait très vite aborder d’autres thèmes, tels que de sujets économiques et sociaux, sur les métiers par exemple.

Ici la femme est le sujet central et, comme le dit l’auteur, « L’aventure coloniale trouve, dans le monde des femmes, un terrain fertile à son imaginaire et impose des distinctions d’importance selon les aires géographiques et culturelles ». Ainsi trouve-t-on des femmes issues de tous les horizons et d’abord les femmes d’Afrique du Nord que l’auteur appelle les « Mauresques nues sous le voile » photographiées par Antoine Moulin et Jules-Gervais Courtellemont, reporter-photographe « qui s’aventura jusqu’en Perse et en Chine ». La femme pose, presque toujours la poitrine nue et provocante, répondant ainsi aux fantasmes des hommes et à leurs désirs. Certaines photos évoquent des scènes d’intérieur. Comment ne pas penser à Delacroix en voyant ces
« Mauresques dans leur intérieur » ?

Si la première partie du livre est consacrée à la femme africaine, les « Tonkinoises les petites épouses » n’échappent pas à l’œil du photographe. Les douces femmes asiatiques, du Tonkin, de Cochinchine, cambodgiennes, annamites et moïs font autant rêver que les femmes africaines.

Mais comme l’écrit l’auteur, faut-il parler d’une « carte postale coloniale » où la femme ne serait qu’un objet convoité ? Derrière l’image se profile l’évolution d’une histoire impossible entre la femme indigène et le colon. Et même s’il « apparaît sans conteste que la barrière des races et des sexes – sans parler des classes, des cultures et des religions- est dissuasive, la photographie met en scène le stéréotype de la femme occidentale qui fait bouger les esprits.

Auteurs : Safia Belmenouar, Marc Combier.
Editions Alternatives, Paris, 2007.

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