A la rencontre des Architectes des Bâtiments de France
Inquiets des impacts possibles sur le patrimoine de la future loi sur la transition énergétique, ce corps d’architectes de l’Etat voulait alerter l’AJP et mieux faire connaitre son travail
Qui sont-ils? Quel est, exactement, leur rôle dans le monde du patrimoine? Que pensent-ils de l’impact de la loi sur la transition énergétique? Compte-rendu de la rencontre ABF/AJP
L’Association nationale des Architectes des Bâtiments de France (ANABF) nous avait convié à une de leurs réunions de bureau, le vendredi 6 février à 9h30, au Palais de Chaillot.
C’est donc dans les coulisses de ce prestigieux monument parisien, qu’une vingtaine de membres de l’AJP ont été reçus, le 6 février dernier par Saadia Tamelikecht, présidente de l’ANABF, Jean-Lucien Guenoun, vice-président ainsi que par plusieurs autres architectes des Bâtiments de France.
Le corps des ABF a été créé en 1947 pour appliquer les nouvelles lois sur la protection des abords des monuments historiques. Auparavant, ces missions de sauvegarde au nom de l’Etat étaient déléguées aux architectes en chef des monuments historiques (ACMH), qui sont eux des architectes exerçant en libéral. A ne pas confondre non plus avec les Architectes du Patrimoine, ce terme renvoyant à une formation spécifique au patrimoine dispensée à l’école d’architecture de Chaillot, pendant un cursus de deux ans. Certains ABF ont « fait Chaillot », d’autres pas.
D’autres Architectes du Patrimoine exercent dans le privé.
Ces fonctionnaires du ministère de la Culture nous ont d’abord expliqué en quoi consiste leur métier : architectes et urbanistes, ils sont environ 150 sur tout le territoire et travaillent au sein des Directions régionales des affaires culturelles, après avoir passé un concours et validé leur formation pendant un an. Leur mission la plus connue consiste a délivrer ou non les autorisations de travaux ( en rendant des « avis ») dans les zones protégées et sur les monuments historiques. « Nous rendons ainsi aux particuliers un service d’expertise en les aidant à savoir ce qu’ils peuvent construire ou pas, en cherchant des solutions avec eux » explique ainsi Saadia Tamelikecht qui veut montrer que leur mission ne se résume pas à exercer « un droit de véto » qui bloque tout projet dans le périmètre des 500 mètres autour d’un monument ou dans un secteur sauvegardé. ».
Ce qui inquiète les ABF et les a conduit à publier un manifeste, sortant de leur réserve habituelle, c’est la loi sur la transition énergétique, en discussion en ce moment au Parlement. Cette loi pourrait permettre l’isolation de l’habitat par une enveloppe extérieure, ce qui risquerait d’engendrer une catastrophe esthétique pour le patrimoine français. Les architectes qui se définissent comme les gardiens de « l’harmonie des lieux », cherchent à alerter les médias sur ce risque.
Ils peuvent être aussi conservateurs de grands monuments historiques comme les cathédrales ou comme le Palais de Chaillot, administré par Chantal Lavillaureix, membre du bureau de l’ANABF, et qui nous recevait. Les ABF donnent aussi leur avis sur les dossiers de la fondation du Patrimoine et exercent une surveillance sur les projets urbanistiques des départements. Ils peuvent être amenés à gérer des dossiers pour le ministère de l’Ecologie ou des Affaires étrangères.
L’ANABF ( qui est d’ailleurs membre de l’AJP) édite aussi une revue de référence « La Pierre d’Angle ». http://anabf.archi.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=47&Itemid=30
Après un fructueux échange sur l’avenir du patrimoine et les moyens de sa sauvegarde, l’AJP a pris rendez-vous pour organiser plusieurs visites de monuments avec des membres de l’ANABF. Nous vous en reparlerons.
Sophie Laurant