La fondation de l’abbaye Saint-Michel de Saint-Mihiel remonte à l’époque carolingienne. Les premiers livres – manuscrits – furent rassemblés, dès cette époque, dans les dépendances de l’église. Au long des siècles, leur nombre s’accrut, particulièrement avec l’invention de l’imprimerie au XVe siècle. Après avoir été déplacé plusieurs fois, le fonds fut installé magnifiquement, vers 1775, dans les salles spécialement aménagées à cet usage.
On est tout à fait surpris en entrant dans la grande bibliothèque bénédictine de Saint-Mihiel. La première vitrine sur laquelle on pose les yeux contient des ouvrages précieux présentant les séquelles de la guerre de 14-18 (brûlures, perforations par balles…) La ville de Saint-Mihiel a le rare privilège aujourd’hui de toujours posséder une bonne partie de ce fonds constitué par les bénédictins, et de toujours pouvoir le présenter dans des salles et sur des rayons qu’ils n’ont quasiment jamais quittés. Et ceci malgré des pertes dues à l’état d’abandon dans lequel la bibliothèque fut laissée entre 1791, date à laquelle elle fut confisquée au profit de la Nation, et 1848, date à laquelle elle fut confiée à la ville de Saint-Mihiel. Elle a aussi souffert de destructions durant la guerre de 1914 – 1918.
Depuis deux siècles, la bibliothèque se présente donc de la façon suivante : deux salles, hautes de 5 mètres, la première carrée, remarquable par son plafond de plâtre moulé richement décoré, représentant les quatre saisons, les quatre éléments et quatre des cinq continents, et ses boiseries de chêne sculpté du XVIIIe siècle ; la seconde, longue de cinquante mètres et éclairée par 17 fenêtres, plus sobre, dont le plafond et les boiseries furent minutieusement restaurés après la guerre de 1914 – 1918 qui les avait gravement endommagés.
Actuellement le fonds dit bénédictin comprend près de 9 000 livres (attention, on ne touche pas) ; la majorité de ceux-ci provient effectivement de la bibliothèque de l’abbaye, mais ne recouvre pas tout le fonds de cette bibliothèque quelque peu modifié par des ventes, des échanges et malheureusement des vols après la Révolution française. Inversement, y furent intégrées des collections d’autres établissements de la ville.
Sur ces 8 780 livres, on compte 74 manuscrits, du IXe au XVIe siècles. En ce qui concerne les livres, on note la présence de 86 incunables (livres imprimés au XVe siècle) et de 1 150 ouvrages du XVIe ; 6 000 ouvrages environ portent l’ex-libris manuscrit de l’abbaye bénédictine de Saint-Mihiel.
Ces ouvrages ne traitent pas que de sujets religieux : près de la moitié concernent l’histoire, la littérature, le droit, les sciences, les voyages etc.
La visite est suivie de la projection d’un film retraçant l’historique de la bibliothèque et décrivant son contenu.
En principe, on ne fait pas de photos mais l’AJP était autorisée.
La bibliothèque est installée depuis le XVIIIème siècle dans vaste pièce boisée du premier étage de l’abbaye. Ses livres ne l’ont quittée qu’une seule fois, en 1915, lorsque les bombardements menaçaient, pour être rapatriés à Metz. Lorsqu’ils sont revenus, 15 manquaient à l’appel.
Des ouvrages numérisés peuvent être consultés sur écran lors des visites de la bibliothèque bénédictine.
Saint-Mihiel cherche à acquérir des manuscrits rares, indispensables pour étoffer son fonds. En 1994, le bourg fit l’acquisition de l’ouvrage de Dom Loupvent en terre sainte, écrit en 1531, en 2000 du livre de Dom Desgabets sur la transfusion sanguine et en 2007, d’un manuscrit rare du VIIème siècle sur La Trinité écrit par Saint-Athanase. La municipalité ambitionne de créer un pôle du livre, avec la construction d’une médiathèque de 700 mètres carrés jouxtant l’abbaye. L’idée est d’y installer un centre du livre du XVIème siècle. Le tour de table de 7 millions d’euros est presque bouclé.
L’AJP a ensuite dirigé ses pas vers l’église Saint-Etienne. Ici, une œuvre remarquable de Ligier Richier : La Mise au Tombeau ou Sépulcre .Ensemble de 13 statues en pierre calcaire de Meuse qui sera la dernière réalisation de ce sculpteur né à St-Mihiel avant son départ pour Genève en 1564 ; 10 ans d’efforts pour cette oeuvre qui sera achevée par son fils et installée vers 1570 dans cet église
De belles demeures de style renaissance aux alentours méritent un coup d’œil. Une visite de presse menée par ce puits de science qu’est Mr Briot, directeur de l’Office de tourisme de Commercy que nous remercions chaleureusement.
Décidément, la Lorraine est d’une richesse patrimoniale extraordinaire ; si l’AJP a visité pour vous, allez-y donc très vite.
G. Levet