Une découverte exceptionnelle vient d’être réalisée sous le choeur de l’ancienne église de Flers, en Normandie : deux sarcophages de plomb des XVIIe-XVIIIe siècles renfermant probablement les restes de personnages illustres. Des chercheurs du Craham et de l’Inrap ont entrepris l’ouverture et la fouille des deux cercueils en vue d’analyses ultérieures portant notamment sur les matériaux végétaux utilisés pour le rituel d’embaumement et sur la présence éventuelle de parasites.
Source : INRAP
En parallèle de cette approche archéologique et paléoanthropologique, une importante étude d’archives est menée. Ce travail permettra de mieux connaître la population flérienne des XVIIe et XVIIIe siècles, et peut-être d’émettre des hypothèses sur l’identité des deux personnes inhumées dans les sarcophages. Parmi les pistes explorées : des personnages religieux et/ou des membres de la lignée des comtes de Flers.
De la découverte des sarcophages à leur étude en laboratoire
La découverte a eu lieu au cours d’une fouille préventive menée par l’Inrap en amont de l’aménagement, par la municipalité, de la place Saint-Germain à Flers. Prescrite par le service régional de l’Archéologie (direction régionale des Affaires culturelles de Basse-Normandie), l’opération avait pour objectif l’étude de l’ancienne église Saint-Germain et du cimetière paroissial. Plus de deux cents sépultures médiévales et modernes, ainsi que des éléments architecturaux de l’église, ont été mis au jour. Deux sépultures se distinguent nettement des autres, reflétant des inhumations privilégiées : il s’agit de deux caveaux maçonnés, retrouvés au niveau de l’autel, renfermant chacun un cercueil en plomb du XVIIe ou du XVIIIe siècle, de forme anthropomorphe. Sur l’un des cercueils, un cœur en plomb était posé, indice d’une pratique d’embaumement, rituel funéraire réservé à une catégorie sociale élevée.
Intérêt et enjeux de l’opération
Si l’inhumation d’un corps dans un sarcophage en plomb existe dès l’Antiquité, cette pratique se répand dans les classes sociales privilégiées en Europe à partir du XVIe siècle, face à l’angoisse de la décomposition des chairs et de la disparition des corps. Cependant, ce type d’inhumation reste peu documenté et très peu exploré d’un point de vue archéologique. Or, il a le double intérêt d’être souvent accompagné d’une pratique d’embaumement et de permettre une meilleure conservation des éléments organiques, des textiles, etc. La fouille en laboratoire vise à étudier, dans les meilleures conditions possibles, aussi bien les contenants que les individus et leur mode d’inhumation.
Des collaborations scientifiques permettant une approche interdisciplinaire
Après deux jours de préparation et une première exploration à l’aide d’une caméra endoscopique, les chercheurs ont procédé à l’ouverture des sarcophages en plomb selon un protocole rigoureux, répondant à des exigences de sécurité élevées. Les sarcophages ont livré chacun un squelette en bon état de conservation.
Les sépultures des comtes de Flers ?
D’après les premières observations, les squelettes retrouvés dans les sarcophages correspondent à des individus adultes dont le crâne a été scié. Ceci suggère que les défunts auraient fait l’objet d’un rituel funéraire d’embaumement, confirmant qu’il s’agit de personnalités de haut rang. Des restes de cuir chevelu sont visibles sur l’un des individus, des restes de textiles semblent visibles sur le second. Tous ces éléments seront étudiés minutieusement.
En parallèle de cette approche archéologique, une importante étude d’archives est menée. Ainsi 4 500 actes se rapportant au cimetière de Flers ont été consultés (baptême, mariage, décès) ainsi que les chartriers (documents familiaux) des comtes de Flers. Ce travail permettra de mieux connaître la population flérienne des XVIIe et XVIIIe siècles, et peut-être d’émettre des hypothèses sur l’identité des deux personnes inhumées dans les sarcophages. Parmi les pistes explorées : des personnages religieux et/ou des membres de la lignée des comtes de Flers.