Trois conférences organisées à la Maison du Limousin à Paris par le Cercle Généalogie Marche Limousin viennent de rappeler le rôle central joué par la région Limousin dans la logistique des armées de la Grand Guerre. Une histoire où le cheval a honorablement tenu sa place.
Les chevaux du Limousin ont participé côte à côte avec les soldats aux combats de la grande Guerre, les accompagnant souvent jusqu’à la mort.
« Sa participation à l’effort de guerre entre 1914 et 1918 met en lumière le caractère historiquement valeureux, voire héroïque de ces chevaux à l’égal de l’homme qui lui ont permis de se distinguer dans les conquêtes militaires. Combattant, sauveteur et soutien logistique, il a été au cœur même des combats » comme le souligne Lucien Coindeau adjoint au maire de Saint-Junien dans le livre « des hommes et de chevaux dans la grande Guerre , Mémoires de guerre des Limousins ».
Et ce n’est pas le moindre mérite des trois conférences de la Maison du Limousin animées par Jean-Jacques Mauriat président du Cghml, d’avoir mis en lumière cet aspect méconnu du rôle des 17 dépôts de remonte nationaux chargés de recevoir les chevaux produits par les Haras nationaux et les éleveurs privés, destinés aux régiments de cavalerie, d’artillerie et aux officiers d’infanterie.
Saint-Junien, ville de garnison mais aussi haut lieu du cheval
Une situation particulière due à l’implantation bien avant 1914 en ce Limousin terre de cheval, des dépôts de remonte de Guéret, Bellac, Saint-Junien et du Haras national de Pompadour. A Saint-Junien en Haute-Vienne par exemple dont les autorités firent très tôt une ville de garnison, la construction de la caserne et de ses écuries permettront d’accueillir dès le 15 septembre 1914 le 15è Régiment d’Artillerie de Campagne (15è R.A.C). Une aubaine pour la petite ville qui s’organisera au rythme des allers et venues des 4 000 hommes et 189 chevaux de ce régiment engagés dans les Ardennes et en Belgique.
Le Haras national de Pompadour et le cheval de guerre
En 1919, quand ils quitteront leurs quartiers pour Douai, Saint-Junien devra se reconstruire. Le dépôt de remonte sera démantelé. Il aura grandement contribué au dynamisme de la ville comme le montre Jean–René Pascaud dans le livre du Cghml. Autre élément important de cette épopée de la Grande Guerre, le Haras National de Pompadour, un des 22 dépôts d’étalons des Haras nationaux et seul à être doté d’une jumenterie, va grandement participer lui aussi à l’amélioration de la qualité de la production du cheval en France. Comme l’a expliqué Diane de Sainte Foy directrice de la communication de l’IFCE (institut français du cheval et de l’équitation), c’est fort de cette tradition qu’il va logiquement être encouragé par les autorités dès 1912 à étudier la production de cheval de guerre. » Il s’agit de pouvoir organiser progressivement en France un marché de chevaux d’âge prêts à entrer en service et susceptibles de former à terme une réserve de choix en cas de mobilisation ». Autrement dit les préparer au conflit qui déjà se dessinait.
Autant de chevaux morts que d’hommes
En Limousin, les effets seront immédiats : dès 1913 la production de chevaux va augmenter sensiblement, et les étalons de pur sang anglais, arabe et anglo arabe alimenter la cavalerie en chevaux de remonte. De 470 en 1910, leur nombre passera à 4838 en 1915.Une fois la guerre déclarée, les besoins de l’armée deviendront considérables. Pendant toute la durée du conflit, 1,4 million de chevaux et 150 000 mulets seront mobilisés. On estime à 1,1 million le nombre de chevaux morts, disparus ou réformés. Autant que d’hommes. A la fin de la guerre, changement de temps oblige, l’avenir du cheval du limousin, le valeureux anglo-arabe, cheval de troupe par excellence, devient un cheval de sport. Ce sera la fin du valeureux cheval de guerre, le début d’une autre histoire.
Anne marie Granier