Les travaux de la place de la République, véritable vandalisme officiel et légal ayant détruit les squares et les fontaines qui existaient depuis sa création à la fin du XIXe siècle, donnent un aperçu de ce que la municipalité dirigée par Anne Hidalgo entend par « rénovation » des places parisiennes.
La maire a annoncé clairement la couleur : ce qu’elle a fait à la République, elle veut le faire sur toutes les places parisiennes ou presque. La Nation, la Bastille, la place du Panthéon, la place de la Madeleine même, alors que l’église qui lui donne son nom est étayée pour éviter qu’elle ne s’écroule et que rien n’est planifié pour sa restauration, doivent être « rénovées », c’est-à-dire en réalité profondément dénaturées.
Pour cela, comme nous l’apprend un article du Figaro1, la mairie souhaite faire appel à des entreprises mécènes, qui pourraient ainsi déduire de leurs impôts une partie des sommes qu’elles consacreraient à abîmer la capitale. Le directeur de cabinet Mathias Vicherat se fait par ailleurs vertueux : aucune candidature de mécènes sulfureux ne sera acceptée explique-t-il, dans l’abondement du fonds de dotation qui sera créé (et où chaque mécène pourra ou non flécher son « don »).
Sulfureuse, c’est bien le qualificatif qu’on pourra appliquer à toute entreprise qui s’engagerait dans un tel mécénat. Les amoureux de la capitale, les défenseurs du patrimoine, les associations qui se battent pour sauver nos monuments et, bien évidemment, La Tribune de l’Art, n’auront de cesse de dénoncer haut et fort ces « mécènes » qui oseraient participer financièrement au massacre à venir. Qu’ils soient certains d’une chose : nous utiliserons tous les moyens en notre possession pour informer les Parisiens de la réalité désastreuse de ces travaux et faire connaître largement le nom des sociétés concernées. Le résultat de ce mécénat pourrait bien être exactement l’inverse de ce qu’elles en attendent. Le mécénat ne doit pas servir au vandalisme.
Didier Rykner, jeudi 5 février 2015
Source : La Tribune de l’Art