VISITE AJP AU DOMAINE ROYAL DE MEUDON
Comment « montrer Meudon » ? C’était déjà une préoccupation de Louis XIV et du Grand Dauphin. A tel point que cet (ou ces) illustre personnage avait rédigé le texte qui devait s’appliquer aux visiteurs ayant obtenu l’insigne honneur d’être reçus à Meudon comme on pouvait l’être à Marly à l’époque. Un texte qui codifiait le circuit à suivre pour apprécier le domaine, bref, une « manière de montrer Meudon ».
Quatre cents ans plus tard, les membres de l’AJP sont sur les traces des sentiers, des jardins, des palais qui firent la gloire du domaine royal de Meudon.
Franck Devedjian, qui nous guide, a débuté comme notaire (sic) puis s’est pris de passion pour ce qui reste de ce domaine royal, environ 40%, en a retrouvé les plans et a fait un remarquable travail de recherche historique aboutissant à des reconstitutions en 3D de haute qualité. Il est notre spécialiste des lieux, particulièrement compétent. Il est l’auteur du livre dont la couverture figure ci-dessous.
Si l’on trouve des traces de certains bâtiments sur la colline de Meudon au 13è et 14è siècles, il faut attendre le 16è siècle avant de voir émerger des constructions agrandies et parés des grâces de la Renaissance. C’est Charles de Guise, cardinal de Lorraine, qui offre à son château de Meudon les premières extensions avec la Grande Terrasse puis un petit palais que l’on appelle la Grotte.
Durant un siècle, Meudon reste dans la famille de Guise mais hélas les guerres de Religion surviennent. Le domaine est endommagé et c’est Abel Servien, Surintendant des Finances de Louis XIV (comme Fouquet) qui achète le domaine. Il le prolonge vers le nord, créant une vaste avant-cour dans le prolongement du château puis vers le sud, il constitue un parc et une vaste perspective. Il commande à Le Vau un avant-corps pour le château et fait édifier une orangerie toujours visible et bien restaurée. Meudon devient un magnifique domaine. Louvois achète ensuite Meudon en 1679 et apporte des embellissements au bâti mais surtout fait venir Le Nôtre pour constituer le parc. Ce dernier réalise tout d’abord un réseau hydraulique, des bassins et fontaines. On aboutit à une magnificence digne d’un prince. Bien entendu, Louis XIV en est conscient quant il incite son fils aîné à acquérir Meudon pour en faire sa résidence. Le Grand Dauphin demande à Mansart de lui construire le Château Neuf et Monseigneur pourra ensuite fièrement montrer son domaine. C’est alors que La Manière de montrer Meudon est rédigée, texte qui permet de visiter le parc. De nos jours, on parlerait d’un parcours fléché. Les membres de l’AJP ont donc suivi le parcours (ou presque).
Louis XIV délaissera ensuite Meudon et lui préfèrera Bellevue avec Mme de Pompadour.
Le feu et la guerre achèvent la ruine de Meudon et Napoléon ordonne une quasi démolition mais se ravise et après une restauration du Château Neuf attribue Meudon au Roi de Rome et établit ici une « école des rois ».
Le domaine royal en reconstitution
Que reste-t’il de ces merveilles ? Hélas relativement peu de choses.
Des scientifiques se sont installés avec l’Observatoire au 19è siècle, on y a fait des essais de ballons mais on n’y regarde plus les étoiles et planètes.
Nous avons beaucoup apprécié les reconstitutions en 3D de Franck Devedjian qui, en faisant un effort d’imagination important permettent de revoir les splendeurs du domaine. Et quelles vues sur Paris depuis les terrasses ; probablement ce qui ce fait de mieux !
Plan en 3D réalisé par F Devedjian
Mais voilà. L’Observatoire de Meudon, qui tient le domaine en main, est fort peu coopératif quant à l’admission des visiteurs. Tout au plus au moment des Journées du Patrimoine et encore. Un chef de chantier sur l’Obervatoire, rencontré au cours de notre promenade, nous informe que, peut-être, une ouverture au public pourrait être envisagée en 2015 mais rien n’est moins sûr.
Franck Devedjian, qui connaît tout le domaine par cœur nous fait passer par une petite porte dont il a…le secret. Affectataire d’une grande partie du domaine, le Ministère de la Culture le classe Monument historique en 1972. On a petit à petit restauré certains bâtiments dont la belle orangerie. Des débuts d’autres travaux sont manifestement en cours.
Une belle visite AJP, instructive et permettant la connaissance de lieux que nos membres n’imaginaient pas pour nombre d’entre eux.
A revoir dans…disons cinq ans.
G. Levet