SAUVONS LA MEMOIRE DE NOS PAQUEBOTS ET DE LEURS LIGNES
Créée en 1995, l’Association French Lines se consacre à la sauvegarde et à la mise en valeur du patrimoine des Compagnies Maritimes françaises. Reconnue d’intérêt général l’association est implantée dans les grands ports de commerce qui ont marqué l’histoire des compagnies : Le Havre, Marseille, Dunkerque, Bordeaux mais aussi Paris.
Au Havre, sur près de 3500 m2, est conservé le patrimoine historique de la Compagnie Générale Transatlantique et des messageries Maritimes ainsi que de la SNCM. Cette action a été reconnue par tous les acteurs de la marine marchande mais aussi par le public.
Le patrimoine de l’Association French Lines est inaliénable à l’exception de pièces qu’elle détient en grand nombre et dont la vente dégage des ressources.
L’AJP s’est rendue au Havre en septembre 2013 afin de voir in situ les extraordinaires collections de French Lines. En effet, dorment ici, parfois en caisse, de remarquables fonds d’archives en cours de numérisation, des fonds photographiques anciens et des films d’archives, des affiches originales signés par les meilleurs dessinateurs de l’époque, des peintures, du mobilier et objets d’art et notamment une fantastique collection de maquettes dont certaines sont classées monuments historiques et enfin, de très nombreuses pièces des arts de la table qui faisaient le luxe des grands paquebots. C’est ici, dans ces entrepôts du Havre, qu’est conservée l’unité de la mémoire des Compagnies Maritimes françaises depuis 1850.
Mais, car il y a un mais…l’association devrait être expropriée, vers juin ou juillet 2014, de son site actuel, un bâtiment de la zone portuaire qui fût en son temps une blanchisserie, vestige de la gare maritime, afin de partir à environ 3 kilomètres de son lieu présent pour laisser la place à…un projet d’éoliennes d’Areva ! La Mairie du Havre offrant le gîte mais pas le reste. Le reste ? Oui, le déménagement de toutes ces merveilles, fragiles bien sûr, qui devrait coûter environ 450000 euros et dont l’association ne possède pas le premier centime actuellement ! La ville, la Région et même Areva ont été sollicitées ; quelle sera la suite ? L’idéal, bien entendu, devrait être la création d’un véritable musée du patrimoine maritime des paquebots. Le public est maintenant devenu très sensible à ce qui fût l’histoire de ces géants des mers, ces légendes des mers. Ne serait-ce qu’en considérant les succès d’expositions comme Titanic, Légendes des Mers à Evian et probablement l’expo qui s’ouvre maintenant à St Etienne, il est évident que l’engouement du public pour le patrimoine des paquebots et de leurs compagnies ne fait aucun doute. Donc, il nous faut sauver ces extraordinaires collections qui ne sauraient être vendues en pièces détachées. Alors, mécénat d’entreprise ? Mécénat public ? A nous tous de voir et d’œuvrer dans ce sens. Devenez mécène pour restaurer une maquette, optimiser les conditions de conservation des œuvres d’art, valoriser les collections photographiques, etc. Il serait indigne pour notre pays de voir ces collections se dégrader.
Voulez-vous un petit aspect de ce qui est contenu ici, au Havre ou ailleurs ?
Des éléments de mobilier des paquebots France I et II, Normandie, bureaux, armoires, de la cristallerie et de l’orfèvrerie, des milliers de menus imprimés (y compris des menus spéciaux pour les chiens) qui nous racontent le faste des traversées et des diners de gala à bord. C’est ici Puiforcat, Ercuis, Christofle qui garnissaient les tables. Quant à la vaisselle, Lalique, Haviland et d’autres, avec les monogrammes dédiés, côtoyaient le cristal de Daum, St Louis, etc. En dehors de ces arts de la table,les collections de French Lines contiennent aussi des textiles : foulards, tapis, tapisseries du dernier France signées par Picart Le Doux ou Lucien Coutaud.
Menu « spécial chien »
Argenterie du bord à monogramme
Quoi encore ? Les affiches présentant toute la créativité de leurs auteurs, des grands noms d’artistes de l’époque. Environ 500 affiches originales et des objets publicitaires vendus à bord et Dieu sait s’il y en avait d’originaux !
Des linéaires d’affiches d’époque
Une parmi des centaines
Quant aux maquettes, là, nous sommes dans le somptueux travail de véritables orfèvres du » travail de la main ». Cargos, paquebots, ces maquettes représentent chacune, petites ou grandes, des pages de l’évolution des techniques et de toute cette grandiose histoire des transports maritimes de la fin du 19è et du 20è siècles. French Lines possède la plus belle collection française de maquettes de la Marine marchande, de 1850 à 1996 dont la maquette originale de Normandie ou la série des 100 petites maquettes retraçant l’ensemble de la flotte de la Transat et commandée à Maurice Basile pour célébrer le centenaire de la compagnie en 1955.
L’entrepôt des maquettes
Une des plus extraordinaires en précision : Le Georges Philippar en feu !
Chaque armoire est un trésor !
Nous ne ferons bien sûr pas ici le catalogue des collectioons de French Lines mais il nous faut aussi ajouter les films et autres documents photographiques. Une source unique d’images des paquebots, des voyages en mer et autres. Plaques de verre, papier photo, négatifs, diapositives… Il y a possibilité d’accéder sur demande à ce fonds d’archives.
Un chiffre ? 80000 photos couvrant 160 ans d’histoire et 300 films, le plus ancien datant de 1913.
Enfin, pour terminer, les archives. Incroyables linéaires (environ 6 km au total) qui retracent tous les aspects économiques, techniques, commerciaux, artistiques et sociaux de la vie des Compagnies Maritimes françaises. Sans oublier les archives sonores : mémoire orale et patrimoine immatériel sans aucun doute. Plusieurs dizaines de milliers de fiches descriptives sont maintenant consultables sur le site www.frenchlines.com
Dès lors, que faire de tout cet inventaire ? Il faut absolument trouver le lieu, les moyens et les personnes (des passionnés plus inquiets sur le sort des collections que le leur propre) qui seront les gardiens de ce trésor national. Combien de personnes, jeunes ou moins jeunes, sont tout aussi passionnées par ces histoires de traversées ou ont connu les derniers paquebots ? Combien sont-ils maintenant à apprécier les « croisières » qui n’ont plus le luxe d’antan mais qui offrent encore de beaux moments ? Combien seront-ils dans le futur à avoir la nostalgie de leur voyage ? Les légendes comme Normandie, France I, II ou III, Champollion, André Lebon, Georges Philippar sont encore bien vivantes. Sauvons leur patrimoine.
Georges LEVET
Association French Lines
Avenue Lucien Corbeaux
76600 Le Havre
02 35 24 19 13
association@frenchlines.com
L’INTERVIEW DE DORIAN DALONGEVILLE PAR MICHEL SCHULMAN LORS DU VOYAGE DE PRESSE AU HAVRE :