L’odyssée de Paul Nadar au Turkestan 1890

lodysseepaulnadar200.jpgComme pour toute aventure, il fallait un phénomène « déclencheur » et c’est l’Exposition universelle de 1889 qui fut à l’origine de la passion de Paul Nadar pour les voyages, l’Orient en particulier. « Une section de l’exposition avait particulièrement frappé Paul : la « rue du Caire et son grouillement pittoresque », lit-on dans l’introduction du livre pour expliquer la passion du photographe pour les aventures lointaines. Tirant de l’expansion coloniale en Asie centale un particulièr intérêt, lisant avec délectation les récits d’Alexandre Dumas et de Théophile Gautier, Nadar s’identifie aux explorateurs qui viennent se faire photographier dans son atelier : Mariette, Savorgnan de Brazza, Gabriel Bonvalot et Henri d’Orléans.

Avec le progrès technique, le chemin de fer pénètre plus avant en Asie centrale, rendant ainsi plus facile son exploration. L’ère est aux découvertes guidées par des intérêts à la fois économiques et politiques.
La technique photographique avance aussi d’un grand pas avec l’utilisation de supports plus souples tels que les clichés-verre avec émulsion au gélatino-bromure d’argent mise au point par George Eastman. L’appareil devient aussi plus léger et se transporte ainsi plus facilement. De toute cela, il résulte que Nadar quitte Paris le 24 août 1890 pour un long périple qui le ménera jusqu’à Tachkent. Avec deux appareils, il fera des milliers de clichés si bien qu’il parlait de « 16 à 18 caisses » à son retour à Constantinople le 10 novembre 1890. De cela, plus d’un millier de clichés, bobines et plaques de verre ont été conservées, qui seront ensuite exposés ou publiés par exemple dans le Figaro illustré.

Nadar pensait publier son reportage mais ce n’est qu’en 1902 que le photographe français Hugues Krafft publie un recueil de ses photos chez Hachette. « L’odyssée de Nadar au Turkestan » en présente un florilège et nous fait découvrir non seulement les sites et les monuments mais aussi des personnages comme ce cavalier géorgien devant sa propriété, un ouvrier de train-chantier, des agents de la compagnie de chemin de fer et ces cavaliers tekkés devant leurs yourtes. Personnages ou paysages, Nadar a toujours le souci de la mise en page; la position des sujets, la place d’un monument : rien n’est dû au hasard. Et parfois même, il se photographie en costume local.

Livre d’histoire ? Certainement. Mais « L’odyssée au Turkestan » est surtout un livre d’art.

Introduction : Anne-Marie Bernard et Claude Malécot.
Editions du Patrimoine, Paris, 2007.

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