L’AJP à la découverte de Saint-Quentin, ville art déco aux ambitions internationales

Onze journalistes de l’AJP ont passé la journée du 10 mai 2017 à Saint-Quentin (Aisne, 58 000 hab.). En compagnie des représentants de la ville, ils ont exploré le centre-ville et son patrimoine art déco, dont la municipalité compte faire un argument d’attractivité touristique.

L’AJP a passé le 10 mai une journée d’immersion complète dans le patrimoine art déco de Saint-Quentin.

Accueillis à la gare (construite par Gustave Umbdenstock dans les années 1920) par Madame le Maire Frédérique Macarez, ils ont parcouru le centre-ville, guidés par Bernard Delaire, conseiller municipal délégué chargé du patrimoine culturel et historique, Victorien Georges, directeur du patrimoine, et Emmanuel Bréon, conservateur en chef à la Cité de l’architecture et du patrimoine et spécialiste de l’Art décor.

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Horloge et mur en mosaique du Buffet de la Gare © Pascal STRITT

« Audace » architecturale
Saint-Quentin, labellisée ville d’art et d’histoire, peut s’enorgueillir d’un patrimoine art déco diversifié, qu’elle doit à la période de reconstruction consécutive à la Première guerre mondiale, où la ville a alors joué la carte de « l’audace », comme l’a souligné Bernard Delaire.

1919-1930 constitue ainsi une décennie de construction d’infrastructures variées, qui se traduit, non pas par des bouleversements urbains, mais par une profonde refonte architecturale de la ville.

Pendant les années 1950 et 1960, l’art déco n’a plus la cote, et le patrimoine saintquentinois subit un certain nombre de destructions.

Puis, la situation se retourne progressivement et les habitants redécouvrent leurs édifices aux façades et intérieurs facilement identifiables à leurs géométries, formes et assemblages de couleurs.

Un processus de redécouverte qui, il y a dix ans, a débouché sur l’élaboration d’un plan « art déco », qui a permis de convaincre les propriétaires de faire restaurer leurs façades, avec l’aide financière de la ville.

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Maison de la rue de la Sous-Préfecture avec le motif OASIS d’Edgar Brandt © Sam Bellet

« Bel élément de singularité »
« Nous voulons en faire un élément de fierté et d’attractivité touristique et économique, explique Frédérique Macarez. Etant donné le nombre d’édifices et leur variété, notre patrimoine art déco constitue un bel élément de singularité. Notre ville a vocation à être référencée par les spécialistes. »

De plus, contrairement à la plupart des autres lieux art déco dans le monde, dont le patrimoine est dispersé, Saint-Quentin voit le sien concentré dans son centre-ville, ce qui lui confère plus de visibilité et en facilite la découverte.

Trois grands chantiers en cours
S’il reste encore quelques façades à remettre en état, l’essentiel de l’effort municipal se porte aujourd’hui sur quelques grands chantiers de restaurations emblématiques :

  1. le buffet de la gare
  2. le Casino
  3. l’immeuble des Nouvelles Galeries

Une fois entièrement restauré, le buffet de la gare deviendra un lieu d’activités diverses et variées autour du patrimoine.

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Vue générale du Buffet de la Gare avant restauration© Pascal STRITT

Il accueillera notamment des rencontres thématiques et autres journées d’études. La municipalité, qui loue actuellement les lieux à la SNCF, compte l’exploiter elle-même les activités du buffet pour le compte de la SNCF.

Le Casino (ancien cinéma) a, quant à lui, vocation à devenir un « lieu de convivialité » accueillant diverses manifestations organisées par la ville.

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Ancien Cinéma Le Casino © Ville de Saint-Quentin

Actuellement, en lien avec le Lycée des métiers de l’ameublement de Saint-Quentin, la direction du patrimoine conduit un travail d’inventaire sur les stucs, en vue des travaux de restauration.

Enfin, les Nouvelles Galeries (construites par Sylvère Laville et inaugurées en 1927), dont le 1er niveau est aujourd’hui occupé par Monoprix, comprend, dans sa partie supérieure trois niveaux de 1000 m2.

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Anciens magazins des Nouvelles Galeries – © Sam Bellet.

Ces espaces, également en cours de restauration, constitueront des lieux de dépôts, d’exposition, et d’événements.

Exposition sur l’art déco et le music-hall
Dès l’été prochain, un espace des Nouvelles Galeries accueillera une première exposition proposée par la ville sur le thème de « l’art déco et le music-hall ».

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Nouvelle affiche de l’exposition Cinéma et Music-Hall

Présentée du 20 juin au 17 septembre dans l’immeuble des Nouvelles Galeries, cette exposition donnera à comprendre une époque marquée par une certaine musique (Joséphine Baker en est une des figures emblématiques), les conquêtes aéronautiques, le développement de l’automobile, l’éclosion du 7ème art etc. « C’est une dimension intellectuelle de l’art déco qui n’est pas toujours prises en compte », souligne Emmanuel Bréon.

Références mondiales
Mais Saint-Quentin a aussi des visées internationales : elle ambitionne de figurer parmi les références mondiales en matière d’art déco, et d’entrer dans le cercle des villes emblématiques de ce patrimoine. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Bernard Delaire a créé l’Art Deco Society de Saint-Quentin, qu’il préside aujourd’hui (les Art Deco Societies locales, existant dans différentes villes du monde, sont réunies au sein de l’International Cohalition of Art Deco Societies, qui constitue donc un réseau d’associations d’amateurs et des spécialistes de ce mouvement artistique).

Etape à Cleveland
Le lendemain de la visite de l’AJP, Frédérique Macarez et les responsables de la politique patrimoniale de la ville se sont envolés dès le lendemain de la visite de l’AJP vers Cleveland (USA) pour participer au congrès mondial des villes art déco du 14 au 21 mai, manifestation qui a lieu tous les deux ans.

Il s’est agi de faire valoir la place de leur ville dans cette grande famille. Avec plusieurs objectifs : « rencontrer les acteurs du patrimoine art déco, faire venir les spécialistes à Saint-Quentin, travailler avec les Art Deco Societies », détaille Victorien Georges.

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Le Conservatoire de musique et de théâtre © Sam Bellet

Objectif 2025
Car Saint-Quentin pense à l’édition 2025 de congrès, et espère voir les représentants des villes art déco et les spécialistes de cette esthétique fouler le sol saintquentinois.

Consciente qu’elle n’a pas les infrastructures et la notoriété mondiale suffisantes pour prétendre organiser un congrès mondial, la ville a joué la carte du pragmatisme en s’alliant à Paris pour présenter une candidature commune. « Une journée complète serait ainsi délocalisée à Saint-Quentin, qui pourrait faire découvrir son patrimoine aux congressistes », se réjouit à l’avance Bernard Delaire.

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Immeubles à fronton et bow-windows réalisés par Louis Guindez © Sam Bellet

Saint-Quentin pourra alors montrer à ses visiteurs étrangers ses trois derniers grands sites emblématiques – le buffet de la gare, le casino et les Nouvelles Galeries – dont la restauration sera alors achevée.

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Les 11 journalistes de l’AJP devant la poste Art déco à Saint-Quentin.

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Hall d’entrée de La Poste © Sam Bellet

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