Protéger le patrimoine en cas de catastrophe naturelle, c’est possible !

Le Bouclier bleu travaille à la sensibilisation des institutions, de l’Etat, des collectivités, et des collectionneurs privés au risque de destruction du patrimoine (monuments, archives, bibliothèques, musées…) en cas de catastrophes. Elle aide aussi à la rédaction de plans d’urgences adaptés.

banner-site-3.png
Dans le cadre des petits déjeuners d’information et de formation au sujet du patrimoine, l’AJP a reçu le 16 mars la présidente du Comité français du Bouclier Bleu, Jocelyne Deschaux, et sa vice-présidente, Véronique Milande.
boucler4.jpg

Jocelyne Deschaux, présidente du Bouclier Bleu à g. avec Hélène Girard

Grâce à elles nous avons découvert à la fois l’intérêt des plans de prévention des risques pour les institutions et les particuliers possédant des collections à caractère patrimonial (musées, bibliothèques, archives, châteaux, églises…), et le manque d’anticipation qui caractérise notre pays en matière de sécurité, face aux catastrophes naturelles.

En effet, trop souvent, « on ne prend conscience du risque qu’une fois la catastrophe advenue, soupire Véronique Milande. Nous l’avons encore observé lors des inondations de la Seine, au printemps 2016, qui ont touché 850 communes. Nous cherchons donc à faire le lien entre les professionnels du patrimoine (conservateurs, archivistes…), les professionnels du secours (pompiers, armée…) et les politiques (maires…) et les préfets. Ces mondes s’ignorant la plupart du temps. »
bouclier2.jpg

Et…Véronique Milande, vice-Présidente

L’association, qui réunit près de trois cents adhérents, en majorité des professionnels concernés par le sujet, propose d’aider les responsables du patrimoine à faire de la prévention pour éviter tout risque de dégâts. Par exemple « à ne pas ouvrir une réserve en sous-sol pour des œuvres craignant l’eau, où à ne pas entreposer des livres dans une pièce où passe une grosse canalisation » explique Jocelyne Deschaux.

Surtout, le Bouclier bleu tente de pousser nos institutions culturelles à élaborer chacune, un plan d’urgence adapté en vue de la prévention de différents risques : inondations et incendies sont ceux les plus fréquents en France, mais il peut s’agir aussi de tremblements de terre ou de raz de marées dans d’autres régions du monde.
Sans compter, au plan international, le risque de bombardement des zones en guerre.

Les stratégies sont à chaque fois à adapter à la situation « Ainsi, mieux vaut souvent pour un musée, ne pas se signaler aux aviateurs comme lieu à épargner car la destruction volontaire et consciente du patrimoine de l’ennemi fait partie de certaines stratégies militaires. » précise Jocelyne Deschaux. On le voit très bien en ce moment en Irak et Syrie.

Elaborer un plan d’urgence signifie travailler en amont et en aval, « durant un ou deux ans » sur de nombreux points :

-réfléchir à une muséographie qui permette de placer les œuvres dans les salles les moins exposées. Et qui permette de les déplacer rapidement. Ce qui doit être pensé en compatibilité avec les plans de sureté (anti-cambriolage). « Si les vitrines sont verrouillées pour résister 30 minutes à un cambrioleur, comment pourras-t-on les ouvrir en cas d’urgence ? » relèvent les deux responsables du Bouclier bleu.

-réfléchir aux œuvres à sauver en priorité et les marquer pour que les pompiers puissent les repérer même dans la fumée d’un incendie. Avoir des plans à jour des salles et collections. « Car il faut être conscient qu’on ne sauvera peut-être pas tout ».

-maintenir en état un local avec les outils adéquats pour faire face à la première urgence : balais, seaux, serpillères, haches incendie…

-avoir désigné un responsable qui coordonnera l’action des personnels et des volontaires désignés d’avance et fera le lien avec les équipes de secours. « Il faut un chef qui sait où sont les clés des vitrines et qui doit sauver quoi dans des situations d’urgence sinon, c’est le bazar et l’on perd un temps fou. »

-former des personnes sur place à des taches précises et faire des exercices.

-avoir réfléchi au transport et à l’entreposage provisoire des collections sauvées.
Tout ceci constitue les grands axes d’un plan d’urgence « qui doit être testé et adapté régulièrement pour tenir compte des évolutions de l’institution» note Jocelyne Deschaux, rendant hommage au Petit Palais à Paris, qui fait chaque année un exercice d’évacuation en cas d’inondation par la Seine et qui est l’une des rares institutions parfaitement rodées.
petit_palais-2.jpg

Au Petit Palais, on prévoit et on s’exerce

Jocelyne Deschaux et Véronique Milande misent sur leur réseau dynamique pour tenter de sensibiliser les responsables de patrimoine d’unités plus petites et partout sur le territoire. Mais le travail ne fait que commencer.

Share This Post