En avant-première de la journée de rencontre prévue le samedi 14 mai et à laquelle tous les membres de l’AJP sont conviés, les journalistes ont découvert l’œuvre de l’artiste émailleur Robert Barriot. L’association qui défend sa mémoire est un de nos membres organismes. Compte-rendu et programme.
Dans la pénombre du chœur, l’immense retable attire le regard. « Sainte-Odile était une aveugle qui a retrouvé la vue, donc Mgr Edmond Loutil, alias Pierre L’Ermite, le curé bâtisseur de cette église, a voulu que le fidèle chemine dans une nef volontairement assez obscure, vers la lumière de l’autel et vers la Révélation annoncée par le retable de Robert Barriot, inspiré du Livre de l’Apocalypse », rappelle Frédéric Barriot, fils de l’artiste, qui a conçu, avec Christophe De Sousa, ingénieur lumière, le nouvel éclairage de cette grande église parisienne, sise près du boulevard des Maréchaux, près de la Porte de Champerret (XVIIe arrondissement).
Une dizaine de journalistes de l’AJP étaient présents lors de cette visite de presse organisée par l’association Robert Barriot, membre organisme de notre association et par la paroisse Sainte-Odile, en présence de son curé actuel, le P. Stéphane Biaggi, qui a favorisé les travaux. Le but était de présenter cette nouvelle mise en lumière à la presse, en avant-première d’une journée de conférences, prévue le 14 mai prochain (lire ci-dessous).
Les éclairages vers les voûtes ont été adoucis et redirigés pour mettre en valeur les chapiteaux. « On a diminué par deux la puissance de la lumière, et pourtant on voit dix fois mieux qu’avant le retable et les vitraux, estiment Christophe De Sousa et Frédéric Barriot qui disent renouer ainsi avec l’esprit du projet original. De fait, les colonnes noires symbolisant la forêt de sapins du mont Sainte-Odile, n’effacent dans la pénombre tandis que les étoiles du ciel des vitraux bleu profond brillent davantage au-dessus des grandes plaques en cuivre.
Construite entre 1935 et 1946 sous l’égide de Pierre L’Ermite, prêtre alsacien, journaliste à La Croix et sensible à l’art, Sainte-Odile fait partie des soixante églises modernes de la périphérie de Paris, destinées à évangéliser les masses populaires. Celle-ci, en outre, accueillera les Alsaciens de Paris. Pierre L’Ermite y a fait travailler plusieurs artistes contemporains : les grandes verrières sont signées François Décorchemenot, les sculptures sont l’œuvre d’Anne-Marie Roux-Colas, les mosaïques d’Auguste Labouret, les peintures de Marthe Flandrin et le retable en émail est donc commandé à Robert Barriot, artiste art-déco reconnu mais qui n’a jamais encore travaillé dans ces dimensions. « C’est d’ailleurs un travail unique en son genre, explique Frédéric Barriot, car étirer de très fines plaques de cuivre de 7 mètres de haut et cuire les couches d’émail au four, est une prouesse technique quasi impossible. ».
Pour des raisons pratiques et aussi pour renouer avec la fabrique médiévale, Pierre Lermite a proposé à l’émailleur peu fortuné et à sa famille d’habiter un appartement dans le clocher de Sainte-Odile. Ils y resteront quinze ans. Frédéric y verra le jour en 1952 et sa sœur Catherine fera du patin à roulette dans la cour de l’église… « Notre linge séchait sur la terrasse, sourit le fils de l’artiste. Le four était derrière la crypte et mon père surveillait de très près la cuisson, car c’est ainsi qu’il pouvait obtenir les reflets colorés qui donnent toute sa valeur au retable. » Pour ses enfants, Robert Barriot est sorti transformé de cette expérience : « il a basculé dans une spiritualité puissante » estiment-ils.
Aujourd’hui, l’association Robert Barriot tente de faire reconnaître plus largement l’œuvre de cet artiste. La journée du 14 mai devrait y participer. Les membres de l’AJP y sont les bienvenus à condition de s’inscrire.
Sophie Laurant
Programme :
10h30 : Visite de l’église, découverte du nouveau chemin lumière et du retable de Robert Barriot
11h Sonnerie de carillon donné du haut du seul carillon de Paris encore en action.
11h30 : Trois conférences
Lumière et chef d’œuvre : comment éclairer une œuvre d’art ? Par Christophe De Sousa, ingénieur lumière.
Un artiste dans un clocher : la vie de Robert Barriot à Sainte-Odile Par Aleth Mandula, biographe de l’artiste.
Une œuvre unique au monde : Le retable en émail par Emilie Thibault, émailleuse.
13h : Déjeuner devant six œuvres de l’artiste. En présence de trois des enfants Barriot : Catherine, Daniel et Frédéric.
15h30 : Concert par la chorale Altri Voce Gospel, dans l’église.
Contacts Presse :
Église Sainte-Odile Marie: 2 avenue Stéphane Mallarmé, Paris 17e
sainteodile@75017gmail.com 01 42 27 18 37
Association Robert Barriot: a.rb@wanadoo.fr 06.84.53.09.14
Frédéric Barriot: Frédericbarriot@gmail.com 07 83 82 26 47